La pièce, commanditée par le KGB ? Franchement, j'en doute. Tout au plus l'un de ses agents aurait-il pu communiquer quelques éléments au dramaturge allemand, mais la "manipulation" se serait arrêtée là.
Le Vicaire est une oeuvre intimement personnelle, le cri de révolte salutaire d'un jeune Allemand écoeuré par les défaillances de la Justice vis-à-vis des criminels nazis en liberté dans son propre pays, et cette espèce de politique d'amnistie synonyme d'amnésie qui ravage les hautes instances de Bonn, mais aussi toutes les strates de la société ouest-allemandes.
On l'oublie trop souvent, la pièce traite d'abord et avant tout des nazis, des pires crapules aux complices les plus tièdes, des tortionnaires aux "hommes ordinaires". Le rôle de Pie XII est assez réduit, mais sa prestation est incroyablement mémorable - celle d'une ordure pontifiante, écoeurante, lâche, et égoïste, à mille lieux du portrait assez clément (malgré tout) qu'en livre Costa Gavras dans Amen.
Réduire cette oeuvre inoubliable qu'est Le Vicaire à un coup tordu du KGB me paraît assez... réducteur. Cette pièce, c'est un coup de tonnerre qui fracasse le ciel bleu de la conscience allemande. |