Le passage retenu par Jacques est effectivement révélateur de la conception de l'Histoire retenue par Annie Lacroix-Riz, dont l'attachement au stalinisme n'est plus à démontrer (n'a-t-elle pas nié l'existence d'une famine en Ukraine, pour citer ce simple exemple ?).
L'inepte assertion selon laquelle la défaite de 1940 résulterait d'une conspiration infiltrée au plus haut niveau de la République, conspiration dont Daladier et Reynaud faisaient partie intégrante, relève moins de la thèse historique que de la propagande communiste censée stigmatiser les démocraties occidentales. Que la conduite de la IIIe République ait été tout sauf glorieuse face à l'expansion nazie dans les années trente est indéniable, de même que les sympathies germanophiles d'une certaine partie de l'élite (voir "Plutôt Hitler que Blum"). Que le gouvernement ait en revanche "mijoté puis obtenu la catastrophe", voilà qui est en revanche profondément idiot. Et intégrer un authentique antifasciste, conspué par l'extrême-droite, tel que Mandel, dans ce complot par le biais d'un douteux raisonnement par association, au demeurant suggestif plutôt qu'affirmatif, pour tenter de réhabiliter un communiste antisémite ayant cherché à pactiser avec l'occupant, voilà qui sombre dans l'odieux.
Evidemment, tout n'est pas à rejeter dans le long texte, assez indigeste il faut bien l'avouer, d'Annie Lacroix-Riz. Mais le problème n'est pas là. Il faut en effet apprécier la thèse dans sa globalité pour réaliser qu'il y a là tentative de réhabiliter une page fort peu épique de l'histoire à géométrie variable du PCF, et que les allégations historiquement exactes ou pertinentes ne servent, ici, qu'à étayer un plaidoyer qui n'a que fort peu de rapport avec ce que tout un chacun doit attendre d'un historien.
Trop passionnel, trop pro-communiste, trop excessif, trop inexact, trop ridicule même, l'article d'Annie Lacroix-Riz ne saurait servir de référence à une analyse du rôle du PCF au cours de la Deuxième Guerre Mondiale. Que certaines affirmations soient recevables ne constitue en rien une excuse, bien au contraire. |