Tu oublies juste une petite chose : je suis, sur les opinions de Lucie Aubrac, ses lectures et quelques autres choses, un témoin assez renseigné, surtout en ce qui concerne les dix dernières années de son existence. J'ai aussi beaucoup fréquenté son mari, assisté aux procès, causé avec les avocats...
Bref, soit tu n'es toujours pas très prudent dans les positions que tu lui prêtes, soit tu es toujours aussi disposé qu'au début de cette matinée à mettre ma parole en doute... soit les deux !
C'est pourtant simple : elle n'a jamais varié sur Hardy, pour affirmer le contraire on va chercher une bribe de déclaration lors d'une tournée en province, bribe qui prétend elle-même, faussement, exister en de nombreux exemplaires.
Pire : ce revirement est présenté par toi, et par l'ami qui n'est pas ton compère, comme le fruit d'une lecture de l'avant-dernier livre de cet ami. Manque de chance : Lucie ne pouvait plus lire depuis une bonne vingtaine d'années et se faisait enregistrer des livres au magnétophone, par son mari essentiellement. Il est donc facile de consulter Raymond à ce sujet, je viens de le faire et il est catégorique : non seulement il confirme qu'elle n'a pas varié sur Hardy, mais il est persuadé qu'elle n'a jamais lu Baynac, et n'en savait guère plus sur lui que la thèse centrale sur l'antigaullisme final de Jean Moulin, cf. mon dernier message sur le sujet.
Tu es donc en flagrant délit de solliciter une documentation lorsque tu tranches :
cet article du Dauphiné, prouve que Lucie Aubrac, malgré ses déclarations à géométrie variable, avait été convaincue par les arguments que Jacques développait dans son Les secrets de l'affaire Jean Moulin puisque, après avoir dénoncé Hardy comme coupable dès le 22 juin 1943, et plus ou moins maintenu sa position durant 55 ans, elle avait fini par reconnaître qu'il n'était pas un traitre, après la lecture du dit bouquin... C'est pas moi qui le dis, c'est elle...
Qui c'est-y donc qui se raccroche aux branches ?
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