> Le ressentiment anti-stalinien est demeuré si vif qu'il
> faudra encore quelques générations d'historiens, pour
> que son personnage et son rôle soient enfin abordés avec
> un peu plus d'objectivité. Pour l'heure, on lui reproche
> encore 15, 20 ou même cinquante millions de morts.
Ces remarques me surprennent assez, d'où ma question : que savez-vous de l'historiographie du communisme stalinien ?
> Je ne suis pas communiste, mais j'ai la faiblesse de
> penser que pour faire face à Hitler, il fallait
> un "dur", aussi impitoyable que lui.
Est-ce que la déportation des Tatars et des Allemands de la Volga a changé le cours de la guerre ? Est-ce que le massacre de 13.000 soldats soviétiques à Stalingrad pour "mutinerie" a permis à l'Armée rouge de vaincre la VIe armée de Paulus ?
> Si la Wehrmacht de 1941 attaquait la Russie actuelle, il
> ne lui faudrait que quelques semaines pour venir buter
> contre... la frontière chinoise.
Si la Wehrmacht de 1941 attaquait la Russie actuelle, Berlin serait vaporisé sous le feu nucléaire, et la Luftwaffe mise en pièces par les MIG.
> Les Anglais ont eu la chance d'avoir un Churchill, les
> Soviétiques, un Staline. [...]
Je pense au contraire que Hitler a eu la chance d'avoir un Staline à la tête de l'URSS. C'est à cause de Staline que l'Armée rouge était dans un état d'impréparation crasse au 22 juin 1941. C'est à cause de Staline que les armées soviétiques ont du tenir sur place, se faisant facilement encercler par les Panzergruppe de Guderian et Hoth. C'est à cause de Staline que les Baltes, les Ukrainiens, les Caucasiens avaient tendance à accueillir les Allemands en libérateurs. Et ce n'est pas pour Staline que se battaient les Soviétiques, mais pour leur "patrie" (concept stupide pour un communiste, soit dit en passant), leur vie, leur peau, la haine de l'Allemand. Jean-Jacques Marie, dans sa biographie de Staline parue chez Fayard (2001 et 2003) souligne le rôle néfaste qu'a pu jouer le Vojd dans la conduite des opérations en 1941-1942, avant de s'effacer derrière ses généraux. Le fameux discours du 3 juillet 1941 par lequel Staline "réveille" l'"âme russe" ne doit pas non plus être surestimé, ayant fait l'objet de nombreuses critiques ou d'un indéniable scepticisme en certains milieux.
Il serait juste, à mon sens, d'écrire que l'URSS a gagné la guerre malgré Staline. Et il en a retiré tous les honneurs - preuve de son habileté politique, mais pas de ses talents militaires. |