Un petit rappel de l'état du mouvement Combat créé par Henri Frenay à partir du MLN (Bourdet, Chevance, Frenay) et de Liberté (Menthon, Teitgen, Coste-Floret) au printemps 1942.
A cette date, Frenay a réuni ses six chefs de régions chez Charles d'Aragon. Ces régions de la zone non occupée sont Marseille (R2), Rhône-Alpes (R2), Montpellier (R3), Toulouse (R4), Limoges (R5) et Clermont-Ferrand (R6). On constate que l'AFN n'est pas encore représentée dans Combat. Pour Frenay, l'AFN est alors "terre inconnue" ou quasiment, Capitant et ses quelques amis exceptés, mais il n'est pas possible de parler d'une région organisée comme Marseille ou Limoges.
De son côté Anne Laurens, contemporaine des faits, écrit en 1977 dans Les rivaux de Charles de Gaulle à propos de la situation en Algérie :
Tous ces petits groupes, comme ceux auxquels s'étaient rattachés les Aboulker, avaient constitué d'abord des mouvements sporadiques. Ils s'étaient peu à peu rapprochés les uns des autres sous l'infuence d'hommes comme René Capitant, Aboulker, Achiary, Jean L'Hostis, etc. Selon elle, le mouvement Combat est déjà constitué à Alger quand les conspirateurs préparaient la neutralisation des centres de décision et des chefs civils et militaires vichystes pour faciliter le débarquement américain. Toujours selon Anne Laurens, L'Hostis, qui vivait en Afrique du Nord depuis 1932, était un officier de C.E. de réserve sous les ordres de Paillole. L'Hostis, engagé comme agent des Travaux Ruraux, la couverture des dissidents du 2e Bureau de l'armée d'armistice, lui a dit qu'il appartenait en même temps au groupe Combat. C'est ce même L'Hostis (avec le colonel Jousse) qui aurait prévenu Capitant mais aussi un représentant local du PCF, Maria, de la date du débarquement américain. L'Hostis sait que Capitant est en contact avec les chefs de Combat en métropole, mais nulle mention d'un poste de radio "gaulliste" chez Anne Laurens. (Capitant s'était rendu en zone Sud à l'été 1942 pour rencontrer Frenay et Bourdet.)
En relisant les passages de son livre concernant Capitant, L'Hostis, etc., je constate qu'elle a elle aussi un peu tendance à "gaulliser" à posteriori des dissidents et futurs résistants. Sans doute se basait-elle trop sur les récits de certains membres après la guerre qui comme L'Hostis insistaient beaucoup sur leur appartenance à Combat en accordant à Combat-AFN une existence qui n'était alors qu'embryonnaire. (Combat ne fut jamais un mouvement strictement gaulliste même si son patron accepta de reconnaitre la légitimité politique du Connétable pour la Résistance intérieure, mais sans renier ses propres positions pour l'après-Libération. Belot le démontre dans sa bio magistrale de Frenay.)
RC |