Qu'attendre d'un quotidien qui est passé, en 25 ans, d'un maoisme sartrien originel (?) à un néo-libéralisme hypocrite car masqué... Même les vieux profs socio-barbus y perdent leur latin !
Je vais me faire modérer pour contribution hors-cadre LdG.
Pour revenir au roman de Littell - et éviter une juste modération -, je crois que l'irritation provoquée par le succès public des Bienveillantes auprès d'une partie (une partie seulement, je précise, car des chroniqueurs ont bien pigé l'importance du livre de Littell) des critiques littéraires "bobo" (pour résumer) tient dans l'irruption d'un écrivain jeune et décomplexé qui s'empare d'un thème fort, risqué et extrême et en fait une véritable œuvre littéraire qui renvoie aux oubliettes des lettres françaises et francophones 90% de la production nombrilique qui provoque généralement un ennui abyssal, du moins pour tout lecteur honnête.
Chez Littell, il y a un cadre historique précis, un personnage central "improbable" auquel on ne peut pas s'identifier et une volonté de s'inscrire dans une filiation littéraire initiée par des écrivains qui ont choisi de travailler sur les concepts de Mal, de plaisir, de sadisme en LITTERATURE. C'est le rôle d'un romancier contemporain que d'aller plus loin, de tenter de rompre, d'outrepasser les bornes morales et de provoquer le débat. Plutôt réussi, je trouve !
Je conseille l'essai percutant de Pierre Jourde, Une littérature sans estomac, édité par l'Esprit des péninsules dans lequel Jourde règle leur compte aux écrivains auto-centrés et/ou marchant à l'esbrouffe branchouille tels Angot, Bobin, Laurens, Darrieussecq, Beigbeder...
Cordialement.
RC |