Bonsoir,
Dans cette suite de la déposition de Bonnier de La Chapelle, nous retrouvons l'anecdote du revolver qui intriguait René ainsi que les compagnons de Bonnier dont Mario Faivre, l'auteur du livre en rubrique.
*** A cette époque, il y eut beaucoup de remue-ménage chez M. d'Astier, causé par des visites mystérieuses, et on me fit comprendre que la disparition de l'amiral était urgente. On fixa le 24 décembre 1942, veille de Noël, pour l'exécution.
L'abbé Cordier me donna rendez-vous le 24 au matin dans une petite rue, près de l'église Saint-Augustin, où il disait la messe. Je m'y rendis et il me dit qu'il était nécessaire que je me confesse avant d'agir . Et qu'au nom de Jésus-Christ il me donnerait l'absolution.
Tout en marchant, il m'invita à faire ma confession. J'avais à peine esquissé un signe de croix que l'abbé me dit : "Voici les plans du palais d'Été, où se trouvent les bureaux de l'amiral." Il m'expliqua le procédé à employer pour pénétrer dans les bureaux et l'endroit où je devais me poster. Il me remit un revolver de gros calibre, chargé, et m'invita à confesser ce que j'allais faire puis me donna l'absolution.
Me sentant en règle avec Dieu, j'allais retrouver mes camarades du groupe d'Hydra, chargés de me conduire devant la grille du palais d'Été. En route, je me rendis compte que mon revolver marchait mal. Dès que j'eus retrouvé mes camarades, qui tous étaient au courant de ce que j'allais faire, je leur fis part des difficultés de fonctionnement de mon revolver. Un de ceux-ci, Sabatier, me donna le sien chargé en me disant: " Sois tranquille, celui-là marche".
Mes camarades disposaient d'une automobile de marque Peugeot, que conduisait l'un d'entre eux, nommé Mario Faivre. Ils décidèrent de me conduire avec ce véhicule jusqu'aux grilles du palais d'Été. Il était environ onze heure trente lorsque je pénétrai sans difficulté dans le palais, près des bureaux. Je me fixai à l'endroit décidé par l'abbé. J e n'ai rien pu faire, car j'ai vu de loin l'amiral partir.
Après mon retour, j'ai été invité au restaurant "Le Paris" à déjeuner par M. d'Astier et l'abbé, qui m'ont encouragé à ne pas modifier ma ligne de conduite. L'après-midi, vers quinze heures, mes camarades sont venus me reprendre avec la même automobile. Nous étions toujours quatre: le fils d'Astier, Sabatier, Mario Faivre et moi. Ils m'ont conduit au même endroit que le matin. Je me suis placé à l'endroit fixé et, dès l'arrivée de l'amiral, j'ai pu accomplir la mission dont j'étais chargé. ***
Bien cordialement,
Francis. |