En épluchant les grilles de programmes des télés françaises, j'ai loupé le docu 1830-1962 : quand l'Algérie était française.
Il faut dire que M6 diffuse des émissions de télé-réalité et peu de films historiques. Une exception donc ce soir avec une production qui s'inspire un peu - si on croit la bande annonce - du concept Ils ont filmé la guerre en couleur appliqué à des archives tournées du temps de l'Algérie française par des amateurs et des pros avec des extraits de témoignages d'époque lus par des comédiens. Ces images inédites pour la plupart susciteront l'intérêt.
A vos magnetos et DVD-recorders !
RC
Pour Télérama :
L'année dernière, M6 se rendait compte que ses téléspectateurs avaient une cervelle et qu'en plus ils ne rechignaient pas à s'en servir. La chaîne demanda à Serge de Sampigny d'adapter un documentaire britannique sur Hitler uniquement constitué d'archives couleur. Cette année, M6 récidive avec un film dédié à l'Algérie française. Là encore, la règle des archives couleur prévaut. Dénichées dans des cinémathèques de région et des associations d'amateurs, ces dernières proviennent, pour la plupart, de films de vacances ou de souvenirs de familles suffisamment aisées, dans les années 50, pour posséder une caméra. Du coup, la première partie montre essentiellement une Algérie de colons nantis. Autre limite du genre : faute de films amateurs ou d'images tout court, les périodes telles que la colonisation, le début de siècle ou les deux guerres mondiales sont traitées au galop.
Dans la seconde partie, consacrée à la guerre d'Algérie, le réalisateur utilise les films du cinéaste René Vautier, engagé auprès des forces du FLN, pour combler le déficit d'archives côté algérien. Le commentaire, prudent, se limite à la chronologie. Sur cette page d'histoire encore brûlante et soumise au débat, l'auteur revendique un traitement « journalistique » débarrassé de tout parti pris. Au final, il en résulte une lecture qui alloue la même place au massacre de Sétif qu'aux vacances de ski de la famille Cosso ! Tandis que les plus jeunes découvriront les images inédites et plaisamment anecdotiques d'un pays aujourd'hui exsangue, les plus grands s'ennuieront. Dommage que la chaîne n'ait pas jugé utile de programmer un débat dans la foulée pour approfondir la question.
Florence Broizat
(Tiens, Broizat, comme l'officier activiste. Un hasard sans doute.) |