Est-ce qu'il y eut une vraie préméditation consistant à utiliser à fond l'angoisse causée par les événements dramatiques de mai-juin 40 dans le but de liquider le régime démocratique à travers un complot organisé... ? Il serait historiquement douteux de l'affirmer, mais on doit bien constater que l'antirépublicanisme forcené d'une partie des chefs de l'Armée rejoignit le défaitisme d'une partie du personnel politique travaillé depuis des années par les propagandistes pacifistes, maurassiens, etc. Des alliances furent conclues, ça on le sait. (Par exemple, Pétain puis Laval utilisèrent un Marquet ex-socialiste devenu pro-fasciste avant de le renvoyer à sa mairie de Bordeaux.)
Je suis persuadé que Philippe Pétain attendait son heure depuis le milieu des années 30. Déguisé en maréchal républicain (contrairement à Weygand qui s'est toujours déclaré contre la République), il créa ses réseaux et choisit habilement le silence. Savoir se faire désirer... Le 13 juin, il sort du bois. Dans la conclusion de sa déclaration, il est très précis : "Je déclare, en ce qui me concerne, que, hors le gouvernement s'il le faut, je me refuserai à quitter le sol métropolitain. Je resterai parmi le peuple français pour partager ses peines et ses misères. L'armistice est à mes yeux la condition nécessaire de la pérennité de la France éternelle.
Gérard Boulanger dit qu'il ne s'agit pas là d'un effet ou d'une improvisation. C'était prévu et préparé. Cette déclaration à Cangé est de la part du Maréchal un premier pas vers le pouvoir. Pétain avait fait lire le projet de sa déclaration ä Weygand ainsi qu'à Bouthillier. On peut donc parler de coopération politique. Durant ces semaines de mai-juin 40, des personnages liés par une haine du régime républicain s'associèrent autour de Weygand et de Pétain. Je pense que ça c'est acquis.
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