... avait justement pour but de ne pas me noyer dans le mouvant sujet "lacoste-capuche-bonnets". Justement pour souligner le fait que des générations entières "d'européens du sud" -on va dire, pour être plus politically correct- se sont parfaitement intégré (mais est-ce encore le bon mot?) et que c'est désormais l'état d'esprit ET le vocabulaire "victimasateurs" (surement pas le bon mot)actuel qui cristallisent des situations difficiles vécues aujourd'hui. (Désolée de vous avoir choqué, ce n'était pas mon intention).
J'ai passé mon enfance (1960/1970) dans un village peuplé de mineurs communistes italiens, espagnols, de carreleurs portugais, de manoeuvres arabes, de profs de musique polonais et de copines d'école nées à Alger ou à Fort Lamy. Et le seul Allemand du village était meme le porte-drapeau attitré aux cérémonies du 8 mai et 11 novembre !
Personne n'était "une victime" dans le village. Tout le monde bossait, allait a la kermesse ou au PMU du dimanche, à la pétanque et à la chasse... Il y avait des bons et des mauvais élèves, ceux qui s'arrêteraient au certif, ceux qui iraient en ville au collège ou au lycée, ceux qui roulaient en DS, ceux qui roulaient en Dauphine et ceux qui n'auraient jamais de voiture.
Mais personne, a ma connaissance, ne s'érigeait en "victime de l'autre". Tout le monde avait (ou trouvait) sa place, une place, a coté des autres. Les seuls problèmes qui existaient étaient ceux, bien provinciaux, des querelles familiales, des maris un peu volages ou des belles-mères un peu trop commères.
Bien sur, le temps a passé et les temps ont changé. Mais je continue de me demander si le politically correct, le nouveau vocabulaire et l'économie de désir (lacoste-capuches-bonnets-cellphone-mp3-xbox-star academy- et j'en oublie, je suis trop démodée pour tout citer ) n'ont pas justement exarcerbé des tensions, des jalousies, parlons simplement, qui n'étaient qu'embryonnaires dans la France semi-rurale des trente glorieuses.
Alors aujourd'hui, il y a des victimes, effectivement. il n'y a même peut-être QUE des victimes. Car nous sommes toujours la vistime de quelqu'un ou de quelque chose. Ou plutot, les gens se "sentent" victimes, et l'on doit s'adresser a eux comme a des victimes, en les ménageant, en choisissant ses mots et ses lois.
Et tant pis pour tous ceux qui ont peiné avant eux, à ceux qui ont bossé, simplement, parfois dès l'age de 14 ans, sans rien dire ni disséminer le chaos, se faisant en plus affubler du surnom (affectueux...?? disait un autre intervenant) de "ritals" ou de "polaks" pour que ces "victimes d'aujourd'hui" roulent en tuning et portent des lacoste, sans frémir. Je ne sais plus si c'est de Lattre ou de Monsabert qui dit, un jour de l'été 45, a peu près ceci: "Allez, l'Armée francaise, balayeée, rangée! Au placard !!" D'autres auraient dit "Circulez! ya rien à voir".
Un "tag" prémonitoire de banlieue m'avait beaucoup interpellée, dans les années 70, lorsque je faisais mes études d'architecte. Il disait, tracé en grand format au bas d'une barre de x mille logements:
"Architectes, tremblez !!"
Beaucoup ont désormais rejoint le clan des architectes.
a plus tard. Frédérique |