Dans son journal de guerre, l'ami de mon père raconte qu'en aout 43 (il venait d'arriver en AFN après le camp de Miranda), il arpentait l'Algérie d'est en ouest pour trouver une affectation qui corresponde à son "rêve" d'évadé par les Pyrénées. Pas facile...
En tous cas, lors d'un retour d'Alger, il tente de se faire prendre en stop par un véhicule retournant sur Dellys. Je cite:
***Je fais 6 km avant de prendre un camion anglais et ensuite je prends une voiture américaine Jib, les types étaient saouls, j'ai par moment sérré les fesses, doubler à 90km/h avec une Jib, çà chasse !***
Quelques pages plus loin, il a compris... et a sans doute commencé à apprendre quelques mots d'anglais, il ne parle plus de que "jeep"... et apprend même bientôt à ... nager, avec des Américains, sur la plage de Dellys.
Ah, j'ai souvent eu les larmes aux yeux en lisant ce journal. Ces jeunes volontaires titulaires d'un simple certificat d'études, allaient être propulsés dans un mode "moderne" qu'il ne soupçonnaient même pas, eux qui sortaient effectivement de l'"ère du rutabaga"...
A Sienne,, dont le général de Monsabert connaissait tous les monuments avec leurs dates de construction et leur historique, Bertrand écrit:
*** 3 juillet 44. A Sienne, comme monument bien il y a l'Hotel de Ville, la Cathédrale et le Palais du Gouverneur; sinon, les maisons sont de style très ancien et les rues trop étroites...***
A Naples, "on" lui dit qu'il faut absolument aller à Pompéi. Il ne sait pas pourquoi mais préssent que ***c'est un endroit très bien, paraît-il***.
Et puis, dans le livre de JP. Aumont, "Souvenirs provisoires",j'ai trouvé aussi un passage où il raconte que lui, l'acteur anglophone, s'amusait avec tendresse d'entendre quelques méridionaux appeller "naf-traque", les fameux Half Tracks!.(page 288)
Oui,"doux à évoquer", mais surement pas "ch... a écouter" ! J'espère que beaucoup d'autres partagent mon avis.
C'était aussi cela, les "petits Français sans-grades" dans cette guerre. Débarqués en Normandie ou en Provence, ils "débarquaient" aussi sur une autre planète !
Frédérique. |