les chariots du père noël 1944 - MA DERNIERE VIE - forum "Livres de guerre"
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MA DERNIERE VIE / Frédérique LEON GUITTAT

En réponse à -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1chewing gums qui collaient les boyaux de Leon

les chariots du père noël 1944 de arcole le samedi 18 février 2006 à 12h04

L'arrivée des Américains de la 3e DI a été quelque chose d'assez fabuleux, inoubliable, en Août 1944. Même eux, par la suite, ont dénommé "Champagne campaign" leur traversée de la Provence. Sur la N.7, c'était comme un convoi ininterrompu de véhicules kaki, ornés de l'étoile blanche.
C'était obsédant et répétitif, ces pneux crénelés qui avaient le même dessin, cette profusion de musettes et de sacoches, avec les initiales US, inscrites partout. Mes premiers Américains, je m'attendais à voir des acteurs de cinéma, mais ce n'était pas Gary Cooper, ni Errol Flynn, des types aux physiques trés ordinaires, avec des tenues froissées, des combinaisons de mécaniciens. Pas d'aigle sur la poitrine, pas d'aigle sur le casque. Ils se déplaçaient sans bruit de bottes, sur des semelles caoutchouc. La différence, c'est que les Allemands prenaient tout, et que eux donnaient tout! Ils ouvraient joyeusement des caisses et des cartons, marqués RATIONS, prélevaient, quand même, les cigarettes, et lançaient le reste à qui le voulait. Ca nous tombait dessus en avalanche, toute une richesse qui, on le sentait bien, surclassait même l'abondance de notre cher avant guerre! C'était l'américan way of life qui arrivait! Du papier hygiénique, de la poudre pour faire de la citronnade! Nous avions mariné dans l'ère du rutabaga, le temps des doryphores, un morose film en noir et blanc, et c'était soudain la magie du technicolor et de l'abondance! Corned Beef, pork and beans, vegetables!
Les boîtes, les paquets, tous peints en kaki, ou alu anodisé pour certaines conserves, c'était notre première leçon d'anglais. Coffee, chocolate, cocoa, sugar, c'était assez transparent; milk, flour, eggs il a fallu aller y voir
Il y avait même des boîtes marquées POISON, pour que les populations non anglophones ne s'empiffrent pas de l'alcool solidifié ou de la graisse de pompe à eau.
Un Aixois bien intentionné a compati "Vous voyez pas que vous leur prenez leurs rations, à ces pauvres soldats?"(sic) pour nous, le mot ration, c'était encore lié aux tickets et au vrai rationnement.
J'ouvrais tout grands mes yeux de minot sur cet univers enchanteur.
On a vu passer des prisonniers allemands, pieds nus, les mains sur la tête. Les civils les plus audacieux les ont insultés. Ils faisaient encore peur, avec leur aigle terrible sur la poitrine. Et s'ils allaient revenir se venger? On se battait encore dans Marseille.
Dans un champ, un pacoulin avait tiré le gros lot: une vingtaine de motos de la Wehrmacht, abandonnées, sur sa terre. J'ignore si on les lui a laissées.
Au bord de l'Arc, un milicien avait été exécuté par des "maquisards", et le corps est resté longtemps exposé. Défense de l'enlever. Exemple. Ma mère m'a interdit d'aller me baigner par là, je ne l'ai pas vu. M'en foutais, il y avait bien plus à voir au bord de la Nationale.
Dans un trou de mitrailleuse creusé par les Boches, il y avait encore de belles bandes de cartouches, dorées, brillantes comme un trésor. Mon père m'a énergiquement interdit d'en ramasser. J'étais ulcéré.
Il y avait, partout, des petites voitures carrées, que je trouvais trés pratiques. Pelle et hâche accrochées sur le côté,bidon et roue de secours à l'arrière, capote rabattue à l'arrière, pare brise rabattu à l'avant. J'aimais bien ce qui était rationnel et pratique.
J'ai eu le coup de foudre pour cette voiture, pleine d'astuces et de recoins, des popoches dans les housses du siège! J'ai voulu savoir comment ça s'appelait. J'ai embêté mon père. Il est allé se renseigner. Sans parler anglais, ça n'a pas dû être facile. Il est revenu avec la réponse: "Ca s'appelle une Gibbs" "Comme le dentifrice?" "Oui". Il a dû y voir un exemple des conversions et des possibilités de l'industrie américaine.

Quelques mois plus tard, il allait mieux la connaître, la Gibbs, au GT.360.

Bon, pardon pour ce témoignage vécu qui ne correspond pas vraiment à un bouquin. Comme disait San Antonio "Les souvenirs sont doux à évoquer, chiants à écouter".

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