Mais oui, bien sûr! absolument! Millésime quand même!
Loin de moi l'intention de dénigrer ou d'atténuer en quoi que ce soit les mérites des FFL de 1943. C'était dans un contexte différent, mais ils ont su résister aux sirènes tentatrices des "mieux vaut tard que jamais" qui leur proposaient du beau matériel américain, et une abondance de fournitures que les FFL n'avaient toujours pas.
Comme Churchill l'a dit de Gaulle a emporté dans son petit avion l'honneur de la France, et tous ceux qui l'ont rejoint entre 40 et 43 ont été une prestigieuse minorité, ce qu'il y avait de meilleur dans notre pays. Une sorte de noblesse d'Empire. Il suffit de lire les souvenirs des uns et des autres pour comparer, de nos jours encore, et de façon saisissante, la différence de mentalité.
Pour les uns, amour mystique de la Patrie perdue, solitude poignante de l'exil, idéalisme presque naïf de croyance en un avenir meilleur dans une France libérée et idéalisée.
Pour les autres, banale "armée de carrière" reprenant possession de son fief et de ses administrés, sans compassion superflue pour les compatriotes retrouvés.
Les uns baisaient le sable de la plage en débarquant, les autres se disaient déçus de devoir payer leur vin, et ne pas être reçus "comme des seigneurs" parce qu'ils apportaient la liberté!
En Provence libérée, de Lattre a empêché la jeunesse de danser, parce qu'il trouvait un bal indécent, pendant que ses soldats se battaient et mouraient.
Et moi, du haut de mes huit ans, ayant été libéré à Aix par ces gentils Américains qui donnaient tant de friandises, je me suis dirigé en confiance vers d'autres soldats kakis, les libérateurs de Marseille, pour demander du chewing gum. J'ai découvert que ceux là parlaient français. On m'a dit "Dégage". Comme si j'avais été un mendiant napolitain. Non, décidément, je n'ai pas aimé les de Lattre. D'autant plus qu'ils ont raflé au passage mon père, rappelé au service, qui est parti finir la guerre avec eux! |