Voici ce que dit votre lien :
" Laval promet dès août 1942 la dénaturalisation des Juifs français naturalisés après 1933, puis après le 1er janvier 1932, puis après le 10 août 1927, mais la pression de l'opinion (rapports des préfets et attitude de certains évêques) fait que la loi est retardée. Un projet est élaboré en avril 1943, mais c'est seulement en juin 1943 que la loi est signée. En juillet, Laval décide de stopper la promulgation de cette loi."

Cela m'avait complètement échappé, et c'est assez normal car je n'ai guère bossé sur Vichy après Montoire et il s'agit d'une affaire mort-née -qu'il serait cependant bien intéressant de relier au contexte des rapports lavalo-germaniques. Je suppose que si Laval a eu cette idée, c'était encore et toujours dans sa logique de "sauver les Juifs français", et que si les Allemands se sont finalement passés d'un tel texte c'est qu'à présent ils occupaient tout le pays, arrêtaient qui ils voulaient et n'en étaient plus à s'encombrer de procédures individuelles.

Ce que Vichy fait en revanche dès le 22 juillet 1940, c'est une loi créant une commission chargée de réviser les naturalisations accordées après 1927.
Eva Tichauer, née en 1920 de parents juifs allemands qui ont émigré en juillet 1933 et ont été naturalisés sous le Front populaire, dit en avoir été victime. Pas de précision chronologique, mais cela a l'air de s'être produit dès 1940 et en tout cas avant sa déportation, survenue dans le cadre de la "rafle du Vel d'Hiv" (ne concernant que des Juifs étrangers ou prétendus tels), le 17 juillet 42, donc avant ce dont il est question ci-dessus. (J'étais le n° 20832 à Auschwitz, p. 38)

Ce qu'il faut remarquer, c'est

1)que le texte de 1940 est xénophobe (les Juifs ne sont pas nommés dans la loi, s'ils sont sans doute, mais c'est à vérifier, les plus frappés) alors que le projet de 1943 est spécifiquement antisémite;

2)que pour que la possibilité d'un tel texte soit évoquée en 43, il faut que l'application du texte de 40 n'ait pas été poussée à fond, et que de nombreux Juifs naturalisés après 1927 aient alors toujours la nationalité française.