Bonsoir,
Nous connaissons les détails de la spectaculaire évasion du général Giraud, prisonnier de guerre incarcéré à la forteresse de Koeningtein. Fernand de Brinon - mais faut-il le croire tant de Brinon était proche des autorités nazies - relate une version toute différente de cette évasion.
Les officiers français à Koeningtein jouissaient d'un régime relativement clément. Selon de Brinon, en avril 1942, Giraud aurait obtenu de séjourner dans un couvent de la région des Sudètes où il aurait bénéficié, pour s'évader, de la complicité des "congréganistes" (sic) allemands. Il aurait été transporté, dans une voiture de maraîchers, sous des piles de choux, jusqu'à la frontière suisse. Fernand de Brinon reproduit une lettre du général Brussaux, compagnon de captivité de Giraud, qui corrobore cette version :
*** ... en tout cas, quand il [Giraud] prétend s'être "évadé au péril de sa vie", il fait sourire les gens qui, sur place, étaient tant soit peu informés. *** (page 116)
Nous savons que dès son arrivée en France, le général Giraud se rend à Vichy. Son évasion a entraîné la fureur d'Hitler et.... la colère d'Abetz qui veut persuader Giraud de revenir en Allemagne afin d'éviter que les prisonniers en subissent les conséquences. Il est même envisagé de le faire habiter à Berlin à l'hôtel Adlon avec sa famille, au cas où il accepterait de revenir en Allemagne.
Propos de table:
*** Je déjeune avec le général Giraud chez le Maréchal. Je suis son voisin de table. Il est tout à fait inconscient des répercussions politiques de son geste. Il déclare n'avoir jamais donné sa parole de ne pas s'évader. Il promet de ne manifester aucune activité politique. Selon lui, il revient à son foyer pour y vivre paisiblement en pantoufles. Il approuve la politique du Maréchal et écrit la fameuse lettre (*) pour le satisfaire ainsi que Laval. ***
Il est bien difficile de trier le vrai et le faux. Comment comprendre aussi le voyage du général Giraud, à Moulins, en zone occupée, pour y rencontrer Abetz et les autorités allemandes. Giraud ne sera nullement inquiété alors qu'il se refuse de retourner en Allemagne malgré les exhortations d'Abetz ?
Bien cordialement,
Francis.
(*) "fameuse lettre" ? De quelle lettre s'agit-il ? Fernand de Brinon en fait mention en plusieurs reprises sans que ma mémoire défaillante n'en retrouve la teneur ! |