Bonjour,
Dans son étude, François Huguenin écrit :
D'emblée, il faut nuancer l'idée que l'on pourrait, sans précautions ni distinctions, assimiler l'Action française à Vichy. Sans doute, Maurras et ses quelques fidèles, dont Maurice Pujo, furent-ils résolument "maréchalistes" - le terme, employé à l'époque, est plus juste que celui de vichyste, car il y a plusieurs Vichy dont la synthèse est une gageure...
Nombre de maurrassiens sont donc "du côté du Maréchal". Quelques uns vireront dans la collaboration, et c'est le cas de Brasillach et de Rebatet. D'autres se retireront du jeu - ainsi de Pierre Gaxotte, incitant les jeunes Pierre Boutang et Raoul Girardet à la plus grande prudence durant ces années troubles. Certains, enfin, animeront la première résistance : Honoré d'Estienne d'Orves, Henri d'Astier de La Vigerie, Guillain de Bénouville (note perso : effectivement à partir de fin 1942.début 1943), Jacques Renouvin, Michel de Camaret sont d'anciens militants d'Action française; le colonel Rémy est quant à lui un ardent sympathisant.
François Huguenin demande ensuite en quoi l'idéologie de Vichy emprunte-t-elle à l'Action française ? Outre que Vichy fut un FAIT historique et politique quand l'Action françaie en restera toujours au stade de la THEORIE, et que les intellectuels de "L'Etat français" théorisèrent peu - , le tableau des des influences idéologiques de Vichy offre une image aussi dispersée que celui de l'engagement des maurrassiens.
Les analyses de Loubet del Bayle, encore pionnières sur ce point, montrent que l'influence idéologique de Vichy se situe à l'intersection des idées d'Action française, du catholicisme social, du personnalisme (note perso : s'inspirant de la pensée de Mounier.), du technocratisme planiste. L'influence de l'Action française y est difficile à isoler et il est autant possible de décréter le régime de Vichy plutôt Action française que plutôt personnaliste ou plutôt technocratique. Sans nier l'influence du mouvement royaliste (...), on peut considérer que Vichy est avant tout l'héritière de l'esprit des années trente, et d'abord par ses rejets (antiparlementarisme, anticapitalisme, anti-individualisme, anti-communisme), le produit d'une certaine "ambiance". Dans cette volonté de rupture, Vichy emprunte AUSSI à l'Action française qui en a constitué un des aspects.
(p. 474-476)
Bien cordialement,
RC |