Les deux faces de David Irving ? - Histoire de Guerre - forum "Livres de guerre"
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Histoire de Guerre / collectif

En réponse à -6 -5 -4 -3 -2
-1Il ne faut pas confondre... de Jean-Robert GORCE

Les deux faces de David Irving ? de Nicolas Bernard le vendredi 15 octobre 2004 à 15h34

Bonjour,

On dira que je suis monomaniaque, mais...

Jean-Robert Gorce écrivait :

> Je crois qu'il faut différencier le David Irving qui à un
> moment de sa vie a "tourné fou" et est devenu le
> négationniste que l'on sait, ce qui lui a valu un carton
> rouge tout à fait justifié,

Le problème est qu'avant cela, les limites de David Irving avaient déjà été constatées : l'homme était connu comme assez hitlérophile et viscéralement anti-Churchill, pas forcément très compétent au niveau de l'analyse, parfois diffamateur, occasionnellement antisémite, raciste et nostalgique de l'Ordre nouveau. Vide infra.



> et le David Irving, jeune et
> excellent historien, qui a produit des ouvrages
> remarquables

Remarquables, pas d'accord, du moins pas totalement. Leur caractère remarquable provient du fait qu'Irving a "travaillé" sur des sujets assez délaissés par l'historiographie de l'immédiat après-guerre : bombardements stratégiques, mort du général Sikorski, armes secrètes allemandes, convoi PQ-17...

Encore faut-il voir que la plupart de ces ouvrages sont pour le moins frauduleux. "La destruction de Dresde", par exemple, a truqué chiffres et sources en vue de culpabiliser les Anglo-Saxons et relativiser les crimes nazis. Dans "The Destruction of Convoy PQ-17", Irving impute ce désastre à la lâcheté d'un officier supérieur, ce qui lui vaudra un procès en diffamation, qu'il perdra - bien évidemment, quand on connaît ses méthodes. Si dans son livre consacré à la mort du général Sikorski il paraît privilégier la thèse de l'accident, il n'en demeure pas moins qu'à côté, il fera son possible pour accuser Churchill (sa bête noire) d'avoir fait exécuter le leader polonais en exil - thèse qu'il défendra officiellement par la suite, dans d'autres ouvrages, et en falsifiant ses sources. Ses ouvrages sur Hitler sont consternants de bêtise (Hitler n'aurait pas ordonné d'exterminer les Juifs !), et sa biographie de Rommel remarquable... de mauvaise foi "nostalgique" (Rommel y est dépeint comme un grand soldat totalement fidèle du début à la fin au Führer, ce qui est parfaitement faux, et les conspirateurs du 20 juillet deviennent tout à coup de lâches manipulateurs qui livrent cet innocent à la Gestapo pour couvrir leurs arrières).

Pire encore : l'affaire des faux carnets de Hitler (1983). Bien que doutant au départ de leur authenticité, il s'y est rallié à la dernière minute - c'est à dire à l'heure où plus personne n'y croyait. Ce qui constitue une belle preuve de son incompétence.

Enfin, l'on ne peut différencier un David Irving cool, celui des débuts, au salopard qu'il serait devenu : David Irving a *toujours* été un salopard. Comme l'écrit Gilles Karmasyn, il << se décrivait en 1959 comme un "fasciste modéré" dans un article où s’étalaient racisme et antisémitisme. Au début des années 1980, il a même essayé de fonder son propre parti néo-fasciste. >> Voir :

Ce n'est que lorsque le mouvement négationniste prendra de l'ampleur, dans les années 70, que David Irving franchira le Rubicon et pourra proclamer publiquement sa foi négatrice.


> notamment sur les armes secrètes nazies ("The
> Mare's Nest" ("A bout portant sur Londres") qui traite des
> V1 et V2, et qui reste une des meilleures références sur
> le sujet)

L'une des meilleures référence, je ne sais. Je concèderai quelque utilité au bouquin, tout en rappelant qu'il en existe quantité d'autres sur le même sujet. En l'occurrence, j'ai l'impression qu'Irving se contente de repomper les documents qu'il déniche, sans grand esprit d'analyse, ni esprit critique - le constat est encore plus frappant lorsqu'il s'agit d'évoquer les recherches nucléaires allemandes.

Sans parler de Hitler. Roni Stauber considère qu'Irving souscrit sans réserve à tout ce que les anciens nazis lui racontent - voir Stauber, "From Revisionism to Holocaust Denial - David Irving as a Case Study", The Stephen Roth Institute for the study of anti-semitism and racism, 2000 -


> ou sur les bombardements stratégiques de
> l'Allemagne.

En l'occurrence, son livre relatif au bombardement de Dresde est tout à fait frauduleux. Il a manipulé ses sources en vue, d'une part de présenter ce raid comme un plan d'extermination de la ville allemande, d'autre part de gonfler le bilan mortuaire de cette catastrophe pour le faire passer à 135.000, voire 200.000 victimes, ce alors que les recherches les plus sérieuses aboutissent à une fourchette comprise entre 20.000 et 40.000 morts, voire 25.000 tués (ce qui est déjà monstrueux, mais ne fait pas de Dresde une exception - en particulier quand on se rappelle que le raid allemand sur Belgrade, en avril 1941, aurait abouti à un nombre de victimes presque équivalent : 17.000 morts).

Voir Frederick Taylor, "Dresden. Tuesday, February 13, 1945", Harper & Collins, 2004 et Richard Evans, "Lying About Hitler. History, the Holocaust and the David Irving Trial", Basic Books, 2001.

On ze web :




> A l'époque, David Irving était l'historien
> non officiel de l'IWM et avait ainsi eu accès aux papiers
> Milch, les fameuses 13 000 pages des Entwicklungs
> Konferenz.

Choix regrettable de l'IWM - mais il n'était pas nécessairement au courant de tout ce que l'on a appris depuis sur Irving :
(en français)
(du site holocaust-history.org)
(du célèbre site Nizkor luttant contre le négationnisme)
(le site du procès intenté par Irving à Lipstadt : indispensable)


> Le livre de David Irving sur la bombe atomique allemande,
> cité dans l'article de MM. Hautefeuille et Huwart (que
> l'on ne peut taxé quant à eux de révisionnisme et encore
> moins de négationnisme) est du niveau de ceux-ci.

Mouais. Là encore, je considère qu'Irving n'a pas fait preuve d'un grand esprit d'analyse, a fortiori d'esprit critique. J'ai eu l'impression, en lisant son livre, d'une énumération de faits sans véritable lien logique, sans analyse du phénomène - en gros, une chronique davantage qu'un livre d'Histoire.

Bien meilleur est le livre de Thomas Powers, "Le mystère Heisenberg", Albin-Michel, 1993. Après avoir lu cet ouvrage, on peut définitivement se passer de "La Maison des Virus".


> Ce n'est pas parce qu'un auteur "tourne mal" qu'il faut
> condamné en bloc tout son travail... mais cela semble être
> en France une pratique assez répandue.

Certes. Mais en l'occurrence, David Irving a "tourné mal" dès le départ. Et à mon sens : rien n'est récupérable chez cet homme. L'on peut très bien se passer de ses deux "meilleurs" "travaux" (sic), "A bout portant sur Londres" et "La Maison des Virus" pour bosser des sujets similaires.

*** / ***

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