Bonjour,
Le 1 juillet 1962, le général Edgard de Larminat mettait fin à ses jours. Les motifs qui poussent un homme au suicide sont généralement inexplicables. Bien souvent, une conjonction d'évènements s'accumulant les uns aux autres peuvent mener un homme au désespoir. On sait, par exemple, que le général de Larminat se voit confier, en juin 1962, la présidence de la Cour Militaire de Justice en charge de juger les acteurs de la rébellion d'Alger d'avril 1961. A ce propos, la biographie du général de Larminant sur le site de l'Ordre de la Libération
indique:
"Craignant de ne pouvoir, physiquement et moralement, mener à bien cette dernière mission, le général de Larminat met fin à ses jours, le 1er juillet 1962 à Paris".
Le fils d'Edgard de Larminat
précise :
"Nommé le 1er juin 1962 président de la Cour militaire de justice, il se donne la mort le 1er juillet 1962, préférant mourir en soldat plutôt que d'avoir à choisir entre juger ses pairs et désobéir à l'ordre du Général de Gaulle".
Est-ce la seule raison?
Rappelons, par exemple, que les campagnes de presse, souvent odieuses, imputent au seul général de Larminat la responsabilité du bombardement de Royan.
Enfin, un fait qui, à ma connaissance, est passé inaperçu. En juin 1962, par on ne sait quelle indiscrétion, sont publiés dans la presse des extraits d'un rapport confidentiel, daté de 1944 et signé Catroux. Ce rapport adressé au général de Gaulle accable le général de Larminat en des termes blessants. De quoi s'agit-il?
Pendant la campagne de Provence et les combats de la Libération, de Larminat, commandant le 2e Corps d'Armée et de Lattre entretiennent des relations conflictuelles qui iront jusqu'à l'affrontement verbal. Rien d'étonnant à cela connaissant leurs tempéraments respectifs. De Gaulle charge le général Catroux de se livrer à une enquête sur le comportement des deux hommes. Tout en critiquant les méthodes du général de Lattre, Catroux se montre extrêmement sévère à l'égard de de Larminat considéré comme un
caractériel inemployable.
On sait qu'à la suite de ce rapport confidentiel, le général de Larminat fera l'objet de ce qui ressemble à une sanction. Non seulement, il n'obtient pas la tête de de Lattre mais il est privé de commandement pendant deux mois. Il doit se contenter de celui des Forces Françaises de l'Atlantique, un théâtre d'opération "tranquille" faute de moyens.
En juin 1962,de larges extraits de ce rapport dont seuls Catroux et de Gaulle avaient connaissance, seront publiés dans la presse. On peut penser que la lecture de ce rapport, rendu public, a profondément blessé le général de Larminat. Fut-ce le catalyseur ou la goutte qui fait déborder le vase qui poussa le général de Larminat au suicide?
Bien cordialement,
Francis.