Bonsoir
Dans ses mémoires, messmer évoque les conditions du suicide de de Larminat :
En 1960 et 1961, jusqu’au putsch d’Alger, Larminat venait periodiquement me reprocher ce qu’il appelait ma « faiblesse » à l’égard de certains officiers généraux ou supérieurs. Bien qu’ils ne fussent pas publics, ces reproches m’irritaient par leur répétition. Quand fut créé le Haut Tribunal militaire (24 avril 1961), il me revint de proposer au conseil des ministres (et au général de gaulle, avant de saisir le Conseil) les noms des officiers devant composer cette juridiction sans appel. Naturellement, personne n’était volontaire pour une mission sans gloire et si un volontaire s’était déclaré, il se fût, de ce fait, disqualifié. Par ailleurs, il n’était pas possible non plu d’imposer cette fonction à ceux, nombreux, qui refuseraient de juger leurs camarades ou leurs chefs. Je fus donc amené à convoquer et recevoir individuellement des officiers que je connaissais et auxquels je demandai s’ils acceptaient d’être juge. Parmi les premiers, le général de larminat.
Quand je lui dis ce que j’attendais de lui et pourquoi, son visage naturellement pâle, blêmit ; il réfléchit un moment avant de me répondre qu’il accepterait si le général de gaulle, lui-même, lui confirmait cette intention. La réaction du général de Larminat me sembla tout naturelle et je lui fis accorder, dans les jours qui suivirent, l’audience qu’il demandait. J’ignore ce que fut la conversation entre les deux hommes mais j’en connus aussitôt la conclusion : Larminat acceptait. Il fut donc nommé juge au Haut Tribunal militaire. Deux jours plus tard, il se suicidait en se tirant une balle de revolver dans la tête et après avoir écrit dans un style qui est celui de Servitude et Grandeurs militaires : « Je n’ai pas pu physiquement et mentalement accomplir le devoir qui m’était tracé. Je m’en inflige la peine. »
Il se refusait à juger des hommes qu’il condamnait en conscience mais dont il comprenait trop bien l’indiscipline. Dans les Chroniques irrévérencieuses, ses mémoires, le général de Larminat avait écrit, à propos d’un officier de Marine : « J’estime que le suicide militaire périte un grand coup de chapeau. » Pressentiment ?
Le cardinal Feltin, aumônier des armées, refusa des obsèques religieuses. La cérémonie militaire se déroula dans la cour d’honneur, devant les portes closes de Saint-Louis des Invalides.
Je pense que Larminat est injustement oublié. Son rôle dans la préparation de la place forte de Bir Hakeim, a été plus important qu'on ne le croit.
Cordialement
Laurent |