Bonjour Madame
pardonnez mon inattention... mais n'agissez-vous pas, comme votre père, en héritière, soucieuse de faire prévaloir ce que votre famille estime juste sur les motivations du dernier geste d'Edgard de Larminat ?
Vous comme moi, d'autre part, sommes citoyens d'un pays dont la vie politique traverse, depuis 2002 au bas mot, une phase des plus pitoyables et, s'il ne faut certes pas nous mettre en quête d'un sauveur suprême, nous pouvons à bon droit nourrir la nostalgie d'une époque où le sommet de l'Etat avait des idées, et de la suite en elles, notamment pour nous positionner de façon originale et efficace au sein de l'Europe et du monde. Et si Charles de Gaulle est en partie à l'origine de notre problème par son idée malencontreuse de l'élection présidentielle au suffrage universel (qui a peu à peu transformé la vie politique en un star system et fait émerger des gens plus doués pour communiquer que pour gouverner), cette discussion devrait précisément nous en rappeler les circonstances, ô combien, atténuantes : il pouvait, en cet automne 1962, mourir à tout moment de la main des nostalgiques de l'Algérie française et entendait donner à Georges Pompidou, son successeur déjà probable, une autorité suffisante, tandis que les assassins risquaient de faire élire (par les 80 000 "grands électeurs" prévus dans la constitution de 1958) un de leurs sympathisants, qui aurait entraîné la France dans de nouveaux et aventuristes remous.
Tout cela pour dire qu'il est licite et même utile de critiquer le grand Charles comme il m'arrive de le faire moi-même, mais que nous devons y regarder à deux fois et veiller sur sa réputation comme sur un précieux patrimoine, en évitant tout excès et toute injustice. |