Selon son biographe, l'amiral Darlan contribua grandement à aggraver le drame des juifs en France.
Et pourtant, toujours selon Henri Michel, "il est certain que Darlan n'était pas raciste, et encore moins antisémite; ses bonnes relations avec Léon Blum et avec Jules Moch en apportaient la preuve. Il ne s'est jamais réclamé ni des écrivains antisémites, ni même de la tendance xénophobe d'une partie de la droite française. Mais, si peu enclin qu'il fut à adhérer à tous les thèmes de la révolution nationale, il ne pouvait pas ne pas se situer dans son courant général; or, un de ses postulats était la nécessité de "penser et parler français" - Darlan disait plutôt "national"; ce qui conduisait à l'exclusion du corps de la nation des éléments étrangers, non ou mal assimilés, parce qu'ils risquaient d'en altérer la pureté, avec la conséquence funeste de l'affaiblir."
Et les faits sont là, têtus, incontournables : c'est bien
Darlan qui nomma Xavier Vallat à la tête du Commissariat aux Questions juives, initiant le processus atroce qui impliqua directement l'Etat français, là aussi sous le prétexte de sauvegarder l'illusion d'une indépendance nationale, quitte à devancer pour cela les exigences nazies. C'est un amiral qui devait en grande partie sa situation dans la Marine à Blum, un marin républicain, très proche avant 1940 de députés et ministres juifs, qui prépara le terrain pour les accords Oberg-Bousquet. Et s'il devait déclarer vouloir protéger les juifs français - comme Pétain ave les anciens combattants juifs - il cosigna en octobre 1940 le statut des juifs préparé par Alibert.
Pour H. Michel, "cette contradiction entre les pensées et les actions de l'amiral s'explique par les exigences de la politique de collaboration; le sacrifice des juifs était une condition de sa réussite.
C'est ainsi son gouvernement qui mit en place TOUTES LES STRUCTURES POUR ACTIVER ET GENERALISER LA REPRESSION ANTISEMITE, et qui prit aussi les mesures les plus importantes pour les utiliser. Il créa de la sorte un état de fait irréversible. (...) Darlan les a approuvées; incontestablement, il en porte la responsabilité majeure." (. p.165-166)
Bien cordialement,
RC |