Bonsoir,
*** Par quel miracle Sartre pouvait-il écrire pour " La France Libre" et donner en juin 43,au théâtre de la Cité devant un parterre d'allemands, sa pièce "Les mouches"? ***
Raymond Aron relate l'anecdote sans la situer dans le temps et donc dans l'espace. Je pense que Jacques a vu clair!
***Peut être que le décalage temporel évite l'utilisation hasardeuse de l'ubiquité et que la collaboration de Sartre à "La France Libre" commence pendant l'été 44 ***
Effectivement, la publication de "La France Libre" se poursuivit en France après la Libération. Il est dès lors tout à fait plausible que l'incident se rapporte à cette période.
Par ailleurs, je vous reproduis un petit texte (y compris la réflexion du philosophe) qui aurait pu ajouter à notre perplexité:
*** Sartre écrivit pour "La France Libre" un très bel article, "Paris sous l'Occupation"; il l'écrivit en une nuit, non sans avaler un excitant, parce que je lui avais indiqué une date limite. Entre-temps, cette date avait été reportée d'un jour ou deux, et je ne lui en avais pas fait part. Quand je le lui dis, alors même qu'il me donnait son article, il répondit par un "la vache !". Bien sûr, j'avais eu tort (peut-être n'avais-je pas eu le moyen de communiquer avec lui). Je suis frappé - et pas exclusivement par cet incident - à quel point il réagissait en moraliste. Spontanément kantien, il se souciait de "l'intention" de l'autre, bien plus que de l'acte lui-même, et il concluait sur un jugement sans appel, mal ou bien, en fonction de l'arrière-pensée qu'il attribuait à la personne. *** (Mémoires, p. 198)
Dans "Mémoires", cet extrait se situe dans un chapitre où Raymond Aron, de retour en France, s'interroge, entre autres, sur son avenir de philosophe/écrivain/journaliste....
Conclusion: "Mea culpa"! Sartre, sauf démenti formel, ne jouit pas du don d'ubiquité et n'a pas séjourné à Londres tandis que Deleu (c'est pas la peine de démentir) est invité à lire attentivement ses bouquins.
Bien piteusement,
Francis. |