"Ce
livre est le récit d'une rencontre: la rencontre d'un siècle convulsif et d'une
intelligence avide de le comprendre.
Séjournant en Allemagne de 1930 à 1933, Raymond Aron y a reçu le
choc de l'Histoire, l'impulsion de sa vie: comprendre l'existence politique des
hommes.
Que puis-je savoir de l'Histoire ? Que dois-je faire comme
citoyen? Telles sont les questions qu'il ne cessera désormais de se poser. Elles
inspirent toutes ses démarches: ses travaux de philosophie avant la guerre, son
action à Londres comme animateur de "la France libre",
son activité multiforme de professeur, de journaliste, de protagoniste du
débat politique depuis la Libération jusqu'à
aujourd'hui.
Ces "Mémoires" sont ainsi le bilan des
réflexions d'un grand philosophe politique sur le monde moderne. Tous les grands
problèmes sont abordés avec hauteur de vue et simplicité: la société industrielle, la menace
communiste, l'avenir des démocraties, la paix et la guerre, la stratégie
nucléaire, rien de ce qui intéresse le plus les hommes d'aujourd'hui n'est
négligé. Raymond Aron parvient à dresser un tableau clair de notre époque
confuse.
Raymond Aron a connu de fort près quelques-uns des acteurs
éminents de l'époque: qu'il s'agisse de Charles de Gaulle ou de Jean-Paul
Sartre, d'André Malraux ou d'Henry Kissinger, de Jean Daniel ou de Robert
Hersant, ses portraits sont d'un dessin à la fois ferme et nuancé, sans
complaisance mais sans malveillance.
Ces "Mémoires" sont enfin le témoignage
personnel émouvant d'une personnalité célèbre mais secrète, qui parle ici avec
délicatesse de sa famille, de ses amis, qui s'interroge à mi-voix sur lui-même
et sur son oeuvre, sur les hommes et sur la vie. Un homme supérieur parle au
lecteur d'une voix fraternelle :
il éclaire son intelligence et touche son coeur."
(4ème page
de couverture)
"Mémoires" de
Raymond Aron a-t-il sa place sur "Livres de Guerre"?
Résolument oui! En "spectateur engagé" comme on le désignait, Raymond Aron porte
un regard lucide, souvent contesté, souvent visionnaire aussi sur les
soubresauts de l'époque que couvre "Livres de Guerre". Dès les années 30,
Raymond Aron se livrait à l'analyse du régime nazi et en dénonçait déjà toute la
perversité. Pendant la seconde guerre, sans adhérer au gaullisme, il dirigea la
revue "La France Libre". Ces prises de position sur la tragédie
algérienne, à contre-courant des idées dominantes de droite comme de
gauche, lui valurent d'être mis au ban de l'intelligentsia française. Et
pourtant! Convenons que la petite phrase "Raymond Aron a eu raison
avant les autres" formulée aussi bien par ses thuriféraires que par
ses contempteurs lui convient parfaitement. Les références aux réflexions de
Raymond Aron sur la période qui nous occupe ne peuvent qu'enrichir les débats
initiés sur "Livres de Guerre".
Francis
Deleu.