Il est certain que l'esprit de corps peut être généré par autre chose que des épreuves ou des brimades.
Cependant, comme vous le disiez dans le fil consacré aux "poilus" qui reviennent de permission dégoûtés et préfèrent la compagnie des leurs à celle des civils, la cohésion par l'épreuve a fait largement ses preuves... ;-)
On est loin de l'enfer des tranchées, ou même du "dressage à la prussienne", mais (anecdote également) durant mes semaines de réserve cet été, je n'ai ressenti de cohésion qu'avec mes six camarades, affectés comme moi à la 1G.101. Les 14 autres, qui n'ont pas vécu ce que nous avons vécu et qui n'ont eu qu'une instruction limitée à dix jours, très sommaire (ils étaient affectés dans les services de la base et non une unité "opérationnelle"), étaient dans un autre état d'esprit : ils nous moquaient parce que nous étions pour eux trop carrés (l'habitude se prend vite, surtout si on accepte la discipline), et nous les méprisions parce qu'ils étaient incapables d'obéir sans rechigner à une directive aussi simple que faire le tour de la base en courant ou se jeter à terre dans un exercice (peur de salir le treillis, sans doute ?).
Pourtant, je suis certain d'avoir eu plus de proximité intellectuelle et personnelle avec certains de ce groupe qu'avec les six qui sont restés avec moi quasi en permanence. Mais la sueur versée en commun (n'oubliez pas, canicule, 40° à l'ombre, et tout et tout :-)), ça fait naître des liens. Parfois, il faut plus que le mimétisme d'une personne à une autre pour cela...
Loic |