Bonjour,
Le bavure d'Abbeville aurait probablement sombré dans un oubli relatif si on n'avait pas dénombré parmi les victimes Joris Van Severen, leader du Verdinaso et son adjoint Jan Ryckoort. Par ailleurs, les Allemands, dès le 20 mai, furent informés par leur service de contre-espionnage que *** les Belges ont mis en route vers Abbeville le "V-Leute" (hommes de confiance, en clair les espions) détenus à Bruxelles. *** Il est admis aujourd'hui que le convoi vers Abbeville comptait au mois sept, probablement neuf, sinon plus, d'espions à la solde des Allemands.
Les milieux collaborationnistes belges se sont rapidement emparés de l'affaire pour s'en prendre au régime d'avant-guerre et plus particulièrement à l'Auditeur général Ganshof van der Meersch, tenu responsable des arrestations, à titre préventif, lors du déclenchement des hostilités.
Dans un premier temps, l'occupant nazi semble se désintéresser de l'affaire dont l'instruction est confiée à la justice belge et à la justice française. En réalité, les Allemands suivent le dossier de très près. Le lieutenant Caron et le sergent-chef Mollet, qui n'avaient pas été inquiétés jusqu'alors, sont arrêtés par la Gestapo, fin septembre 1941, et traduit devant le conseil militaire du "Gross-Paris".
Pour répondre à la question de Jacques, le procès s'est tenu au Palais de Justice d'Amiens (celui d'Abbeville ayant été détruit par les bombardements de mai 40). La Cour y siégea du 6 au 9 janvier 1942. Les procès s'est poursuivi à Paris, les 13 et 14 janvier, cette fois à huis-clos. Le jugement fut prononcé le 17. Les deux prévenus furent condamnés à mort et fusillés au Mont Valérien, le 7 avril 1942.
Hormis la propagande nazie qui s'empressa de gonfler l'affaire, tous les observateurs admettent que le procès se déroula de manière équitable, les faits étant indiscutables et tous les témoins appelés à la barre étant dignes de foi.
Bien cordialement,
Francis. |