Le monarque et René Bousquet - Jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez - forum "Livres de guerre"
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Jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez / Georges-Marc Benamou

En réponse à
-1Un livre, un complément,... de René CLAUDE

Le monarque et René Bousquet de René CLAUDE le lundi 11 août 2003 à 11h54

A la fin du règne, Georges-Marc Benamou réussit à tenir dans le rôle de l'un des derniers confidents-punching-ball de François Mitterrand. Une position de "favori", délicate et dangereuse entre toutes, mais qui lui permit d'obtenir quelques explications et des révélations sur certains des membres des réseaux vichystes qui avaient pu traverser la IVe et la République gaullienne sans trop se faire remarquer, recyclés dans les affaires grâce à des complaisances politiques clandestines. Ministre de l'Intérieur, Mitterrand en fit profiter les amis maréchalistes.
Mais en 1994, tout explosa.
A propos de René Bousquet :

"Durant un an, de juin 1994 à mai 1995, il ne parla que de Bousquet. Il expliquait, se justifiait, testait ses arguments, y revenait, se coupait parfois.(...) Bien qu'elle se figeât vite, "la question Bousquet" mérite d'être décryptée.

Lui : "René Bousquet - que certains prétendent être mon ami - était sous la IVe République un personnage public, un banquier, un homme de réseau, un personnage, comme on dit aujourd'hui, incontournable. Tout le monde le recevait. En 1949, le climat avait changé. Nous étions en pleine guerre froide et le véritable ennemi était le communisme...
(Note : c'est durant ces années que Malraux met en scène De Gaulle à travers le pays tel un gigantesque druide gaullois dont la mission consistait à souder les Français derrière lui pour combattre les "rouges"qui, selon un Connétable que l'on a entendu et lu mieux inspiré, étaient alors à deux étapes du Tour de France de Paris... Les deux grandes formations issues de la Résistance, en dehors du PCF, étaient le MRP ou "Machine à Recycler les Pétainistes", selon un mot d'époque et le RPF qui permit également à la petite et moyenne bourgeoisie de province de glisser d'un maréchalisme mesuré à un gaullisme prudent, cela sur fond d'anticommunisme permanent. Je crois qu'on peut le dire : à cette période la dramatisation excessive de Malraux lors des réunions politiques gaullistes avaient un je ne sais quoi de fascistoïde gênant... Flambeaux, faisceaux, étendards, musiques martiales,... Malraux, dans son combat mystique contre ses anciens compagnons de route, avait un peu"disjoncté" ! Mais le RPF parvint en effet aussi à blanchir des maréchalistes pas trop mouillés . RC.)

"René Bousquet était libre, il venait de passer trois années en prison, il avait été relevé de son indignité nationale pour faits de résistance. Il était devenu fréquentable. (Note : en août 1948, Bousquet pistonné, entre à la Banque de l'Indochine en tant que "conseiller technique"... RC)
"TRADUCTION : Formellement, rien à dire. Mais à y regarder de plus près, ce fut un procès tronqué. Le 23 juin 1949, la Haute Cour déclare René Bousquet convaincu du crime d'indignité nationale, le condamne à cinq ans de dégradation nationale, mais le relève aussitôt de sa peine pour services rendus à la Résistance. Comment expliquer ce verdict clément que certains contestent déjà à l'époque ?
D'abord, cinq années après la Libération, les passions se sont calmées, l'épuration est plus clémente de façon générale. Le gouvernement veut tourner la page, les préoccupations en ces temps de guerre froide sont autres, la chasse aux communistes prime. (Note : Klaus Barbie à l'époque roule pour l'OSS/CIA en Allemagne contre le Parti Communiste allemand... RC)
L'avant-dernier jour du procès de René Bousquet, le 22 juin 1949, le secrétaire d'Etat chargé de l'Information à la présidence du Conseil, François Mitterrand, à qui il revient de servir de porte-parole, rend compte d'un projet d'amnistie en faveur des coupables de faits de collaboration présenté au Conseil des ministres; la première loi d'amnistie des délits liés à l'Occupation sera promulguée le 5 janvier 1951; la deuxième, le 6 août 1953.
(Note : on voit ici que des caciques de la IVe République, bien avant le retour de De Gaulle au pouvoir, un De Gaulle accusé d'avoir imposé le "Vichy nul et non avenu", voulurent, peu d'années après la fin de la guerre, blanchir le passé vichyste d'une grande partie des élites... RC)
(...) Enfin, la composition de la Haute-Cour a changé depuis mai 1948 et la démission des jurés communistes provoquée par le rejet de la candidature de Maurice Kriegel-Valrimont à la présidence de cette Cour. Quinze jurés parlementaires vont le juger dont un de ses amis, Jean Baylet, député radical et directeur de la "Dépêche du Midi".(...)
Ambigu. Mitterrand est à peu près honnête sur l'historiographie, longtemps incomplète, concernant Bousquet - même s'il admettait lui-même "qu'étant dans les affaires de police il avait dû se laisser entraîner vers des choses pas claires."
En revanche, il est de mauvaise foi quand il accuse Klarsfeld de n'avoir découvert, lui aussi, que sur le tard l'existence de Bousquet. Klarsfeld ne poursuit Bousquet que lorsqu'une voie juridique s'offre à lui - de nouvelles preuves concernant les concessions françaises à propos d'enfants juifs pris dans la rafle du Vél' d'Hiv'."
(p. 217-220)

Quelques temps plus tard, Benamou relance Mitterrand sur Bousquet.
Le vieux président, "comme submergé par une vague de tendresse : "Une carrière brisée à trente-cinq ans, c'est terrible. Il avait une étoffe, ce type".
Je me demandais de qui il parlait. De mes trente-cinq ans ? De qui d'autre ? (...)
Il répéta : " Une carrière ainsi brisée à trente-cinq ans, ce n'est pas supportable... Bousquet en souffrait cruellement. Imaginez cette "cassure", cette carrière foudroyée, cette vie arrêtée en plein envol alors qu'il auarit pu - c'est certain - occuper des postes ministériels dans tous les gouvernements de la IVe et même de la Ve. Il en avait la capacité. Quel dommage."
J'étais médusé. Je ne cherchais pas à le questionner, il s'allumait tout seul. Je ne m'insurgeais pas, je le laissais parler. L'extrême douleur l'avait libéré, il laissait échapper un monologue, impudique et passionné."(...)
Il resta ainsi figé, frappé par ce malheur, et moi, pour ne pas hurler, je pensais à la photographie d'une petite fille juive parisienne, qui ressemblait à Anne Frank, et incarnait, je le lui avais dit, la singularité de chaque martyr. Je lui avais montré ce cliché. Il pensait à son Bousquet et je pensais à mon Anne Frank parisienne, qui - je me le dis aujourd'hui - devait ressembler à Dora Bruder que Patrick Modiano n'avait pas encore ressuscitée."(...)
"Bousquet, à peine une relation...
En vérité la relation entre les deux hommes avait été plus forte qu'il ne le soutenait. Il y a le BERCEAU de VICHY (je souligne). Pour le jeune Mitterrand, Bousquet était resté le "Fouché 43" dont tout le monde parlait, le jeune ministre le plus puissant de France. Le ministre audacieux, avec ses cols en fourrure, et la brutalité montalbanaise avec laquelle il roulait les Allemands, disait-on. Danièle Mitterrand m'avait dit : "François aimait bien Bousquet. Il y avait comme un effet MIROIR entre les deux hommes."(...)
L'octogénaire Bousquet restait le jeune ministre de Vichy qui subjuguait Mitterrand. Il restait à vie l'aîné qui s'impose." (p.223-224)

Le berceau Vichy... Si on ne comprend pas cela, on ne peut pas entrer dans les réseaux plus ou moins clandestins étirés à partir des hôtels de la ville d'eau en 1942-1943 et qui firent florès sous deux Républiques... François Mitterrand fut bel et bien un de ces hommes-pivots des ex-marécalistes et lavaliens parvenu à la tête du pays, et toujours au coeur des réseaux. Il aimait Vichy.

Cordialement,

René Claude

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