Il me semble opportun de remonter ce fil en quelque sorte fondateur.
Le livre de Barbara Lambauer sur Abetz ouvre en 2001 une boîte de Pandore qui n'est pas près de se refermer. Il remet sciemment et vigoureusement en cause Paxton et sa collaboration d'initiative vichyssoise. Les paxtoniens, témoin chez nous Francis, contre-attaquent en reculant; il leur faut à toute force une initiative pétainienne en matière d'antisémitisme et ils croient la trouver avec la loi du 22 juillet sur les dénaturalisations. Or elle SUIT la feuille de route donnée par Abetz à Laval lors de leurs rencontres des 20 et 21 juillet (préparées elle-mêmes par divers contacts depuis la mi-juillet).
Lambauer elle-même, comme fascinée par le personnage dont elle décrypte la première attentivement le rôle, confond l'arbre et la forêt : son Otto, fort d'une condition de "favori" du Führer, serait en flèche par rapport à toutes les autres autorités allemandes, qu'elles soient berlinoises ou parisiennes. Elle va jusqu'à écrire que Werner Best, le n° 2 du RSHA (mais en a-t-elle conscience ? il passe pour brouillé avec Heydrich... selon ses propres dires intéressés d'après guerre... or les historiens fonctionnalistes, encore hégémoniques, sont peu critiques quand on leur parle de telles disputes)
que Best, donc, freinerait Abetz en jouant le jeu de l'administration militaire (général Streccius), peu gangrenée encore d'antisémitisme radical et ayant d'autres chats à fouetter.
Je suis en train pour ma part, en écrivant mon Hitler et Pétain, de remettre l'appareil nazi sur ses pieds. Abetz est un favori précaire et révocable, l'instrument solide et permanent du Führer étant précisément les SS, maîtres du SD élargi, depuis le début de la guerre, en RSHA.
Best, nommé à Paris le 1er août pour y diriger, sous le contrôle théorique de Streccius et de Jonathan Schmid, la supervision des préfets français de zone nord, est le vrai patron, celui qui oriente tout le monde... sans se faire remarquer. |