"Göring ne lui répond pas qqch du genre "j'en parlerai moi même au Führer" (comme il l'a fait sur d'autres sujets), il envoie simplement Himmler bouler. Si Goering pensait que les décisions concernant les Juifs -à un certain niveau (comme celui de Georges Mandel)- revenaient à Hitler, sa réponse n'aurait elle pas été différente ?
Enfin il y a nombre d'initiatives prises par des autorités SS sans en réferrer même à Himmler et en le tenant simplement au courant par des rapports"
Göring (dont il faudrait vérifier le degré de validité du propos qu'on lui prête) répond comme un charbonnier maître chez lui : il a besoin de Milch, il connaît ses origines et passe dessus depuis le début, bas les pattes Himmler ! C'est précisément une affaire entre Hitler et lui : on ne peut pas tout dire en une phrase, et Himmler est armé pour comprendre. Que l'on sache, il ne va pas réclamer l'arbitrage du chef.
L'exemple ne peut en aucun cas être transposé à Mandel. Celui-là, Hitler ne peut que l'avoir repéré depuis longtemps, à titre de conservateur français le plus antinazi, de Juif et, surtout peut-être, d'artisan de la défaite de 1918 et du traité de Versailles. Le fait qu'il le piste personnellement est documenté depuis l'affaire des gardes territoriaux, au printemps 41. Dès lors une décision de meurtre ne peut qu'être sienne... et les documents sur ses contacts avec Abetz au printemps 44 plaident vigoureusement dans ce sens.
Il ne faut justement pas confondre le TR avec une bureaucratie allemande bien huilée devant l'Eternel, chacun connaissant son rôle et préservant jalousement sa fonction. Les fonctionnalistes, en parlant d'un bordel anarchique, ont tort depuis le début et méritaient des sourires attristés. Mais ils avaient quelque apparence de raison : les moyens que s'était donnés Hitler pour intervenir à la vitesse de l'éclair dans tous les secteurs peuvent, en première anlyse, donner cette impression de désordre.