à propos de la Suisse
Le Premier Ministre au secrétaire des Affaires étrangères.
3 décembre 1944
Je note ceci pour les archives. De tous les pays neutres, c'est la Suisse qui mérite le plus d'être citée. Elle fut la seule force internationale à servir de lien aux nations horriblement séparées et à la nôtre en particulier. Quelle importance cela peut-il avoir qu'elle ait été capable de nous donner les avantages que nous recherchions sur le plan commercial ou qu'elle ait donné trop aux allemands pour se sauver elle-même? Elle a agi en État démocratique luttant pour la liberté au milieu de ses montagnes et fut, en esprit, malgré la différence de race, largement de notre côté.
J'ai été étonné de la sauvagerie d'U.J. (Staline) à son égard et malgré mon respect pour cet homme grand et bon, je n'ai pas été influencé du tout par son attitude. Il les a traités de swine et il n'a pas l'habitude d'employer un tel langage sans y croire. Je suis persuadé que nous devons nous tenir aux côtés de la Suisse et expliquer à U. J. pourquoi nous agissons ainsi. Le moment pour envoyer un tel message devra être soigneusement choisi...
"W.S.C." (Winston Churchill)
Juste au passage on peut s'interroger sur l'adjectif "bon" à propos de Staline. Il faut le situer dans le contexte de leurs luttes communes contre le nazisme, pas plus.
Mais si je cite ce texte ce n'est pas uniquement pour montrer le sentiment de Churchill sur la Suisse, c'est aussi pour montrer le sentiment de Staline envers la Suisse. Et là c'est une toute autre paire de manches. Son hostilité à l'encontre de la Suisse allait grandissante. Et ce qui allait aussi grandir c'est l'affrontement des luttes d'influences entre d'un côté Britanniques et Américains et de l'autre l'URSS communiste. Donc ce réseau devait forcément disparaître d'autant plus qu'à ce moment la victoire soviétique était bien engagée. Et rappelons que ce réseau avait été monté par les Services anglais.
En ce qui concerne Pilet-Golaz, une fois de plus on doit regretter l'absence d'une biographie. |