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| | Le procès de Riom / Pierre BéteilleEn réponse à -6 -5 -4 -3 -2 Réplique de Léon Blum à ses adversaires peu après la réoccupation de la Rhénanie de Francis Deleu le dimanche 13 octobre 2013 à 21h51Bonsoir,
Le 19 février 1942 s'ouvrait le procès de Riom. C'est le 30 juillet 1940 que l'acte constitutionnel n° 5 institue la création d'une nouvelle juridiction : la Cour Suprême. Cette juridiction d'exception sera chargée de juger les ministres, les anciens ministres ou leurs subordonnés immédiats, civils et militaires, accusés d'avoir commis des crimes ou délits dans l'exercice ou à l'occasion de leurs fonctions ou d'avoir trahi les devoirs de leur charge dans les actes qui ont concouru au passage de l'état de paix à l'état de guerre avant le 4 septembre 1939 et dans ceux qui ont ultérieurement aggravé les conséquences de la situation ainsi créée.
Le procès de Riom devait donc condamner les responsables du désastre de 1940 .... en réalité les hommes de la IIIème République et plus particulièrement Léon Blum et le Front Populaire.
Le 21 avril 1936, peu après la réoccupation de Rhénanie (7 mars 1936), Léon Blum prononçait un discours radiodiffusé, publié le lendemain dans le journal Le Populaire. Léon Blum était-il le "pacifiste bêlant" tel que le désignait l'opposition ? Jugeons-en ! (...) depuis plus d'un an, les nuages s'amoncellent sur l'Europe. L'Allemagne hitlérienne a réarmé. Le Japon affronte la Russie soviétique en Mongolie. Mussolini a envahi l'Ethiopie. Au commencement du mois dernier, vous avez entendu le grondement du tonnerre sortir des nuages noirs. C'était le Diktat d'Hitler, la répudiation du Traité de Locarno, le passage du Rhin par l'armée allemande. Comment le pays ne se serait-il pas émus ? Rien n'était plus naturel. Mais ce qui est moins naturel et moins légitime, c'est de voir la réaction - la réaction désemparée et qui se sent vaincue d'avance - attirer à elle cette émotion et chercher à l'exploiter à son profit.
Car on vous rend témoins aujourd'hui, citoyens, d'un monstrueux paradoxe. Il y a dans ce pays des hommes qui se qualifient eux-mêmes de nationaux comme s'ils détenaient le monopole du patriotisme et que nous appelons, nous, nationalistes, des hommes qui, par profession, exaltent la passion et l'orgueil chauvins, qui réclament sans cesse de nouveaux armements, qui chantent la guerre comme l'école nécessaire des vertus et des sacrifices héroïques. Tout à coup, ces hommes sont devenus les champions, les parangons de la paix. Et par le même tour de passe-passe, nous, socialistes, qui n'avons jamais cessé de prêcher la paix, nous, qu'on traitait de pacifistes bêlants quand on était poli, de traîtres ou de déments quand on ne l'était pas, nous qu'on accusait de désarmer et de livrer notre pays, voilà que les nationalistes d'hier nous dénoncent aujourd'hui comme des bellicistes, voilà qu'ils nous accusent de pousser à la guerre, d'attirer les dangers de guerre qui menacent notre pays.
(...)
Mais quand donc, nous, les pacifistes bêlants, sommes-nous devenu soudain les ennemis de la paix ? Le jour où les principes de l'organisation de la paix sont venus contrarier les desseins monstrueux d'un dictateur fasciste. Ce jour-là, vous avez vu se dresser tous les fascistes de France. Vous les avez entendu répéter : "Les sanctions, c'est la guerre ! La S.D.N. c'est la guerre ! Le socialisme, c'est la guerre !". Et bien non ! Le socialisme c'est la paix ou du moins le maximum de paix que puisse offrir un monde qui n'a pas rejeté la loi capitaliste. Les sanctions, c'est-à-dire l'application de la justice internationale à l'agresseur, c'est la paix, ou du moins le maximum de paix que puisse contenir un monde qui n'a pas désarmé.
Si le socialisme avait été entendu, la guerre d'Ethiopie ne se serait pas engagée, ou aurait été arrêtée. Le front de la S.D.N. aurait été maintenu intact. L'entente de l'Angleterre, de la Russie soviétique et de la France aurait rassemblé tous les Etats autour des principes de la "sécurité collective". La première application de la loi internationale, imposée à l'agresseur italien par une S.D.N. unie et énergique, aurait fait reculer le dictateur allemand[*] Bien cordialement,
Francis.
[*] Source : L'œuvre de Léon Blum : 1934-1937, éditions Albin Michel, 1964, p. 235. |
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