... Vichy est suspendu aux oracles d'Abetz et n'aurait jamais entrepris pareil procès s'il s'était agi uniquement de juger Daladier, Blum et Gamelin pour avoir mal préparé le guerre. C'est le fait de l'avoir déclarée qui est le vrai grief et Mandel et Reynaud, pour cette raison, en grand danger d'être fusillés... si Hitler le voulait.
Or celui-ci n'en a rien à faire. Il n'est pas rancunier, du tout, pour la simple raison qu'il est calculateur, entièrement. Il a précisément, ô Michel, intérêt à la fiction d'un Vichy qui sauve quelque chose et ces deux cadavres feraient moche dans le tableau. Pour la même raison, Pétain veut bien les accorder, mais contre quelque chose de substantiel, qui lui permette de se présenter de très boisbouvière façon en sauveur de meubles qui ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs et préfère avoir les mains très noblement et sacrificiellement sales plutôt qu'être manchot.
Par ailleurs quelqu'un a opportunément rappelé ici que l'arrêt du procès était officiellement dû à la nécessité d'un complément d'information, à la suite duquel de nouvelles inculpations, et de nouvelles charges, étaient à prévoir. Encore un clin d'oeil du maréchal au caporal : ce procès qui tourne à celui de l'Allemagne et au mien devait être, tu le sais bien, celui des bellicistes, alors c'est quand tu veux ! |