Bonsoir,
Le récit du commandant Navarre est jusqu'à présent le plus déconcertant et il y avait de quoi
être éberlué d'être reçu par l'égérie du Président du Conseil au sujet d'événements aussi graves.
Poursuivons nos investigations en se demandant quand nous en aurons terminé avec la comtesse de Portes ?
Dans un ouvrage en cours de lecture,
Les Américains à Paris sous l'Occupation, de Charles Glass, nous croisons à nouveau la belle Hélène. A son propos, l'écrivain/journaliste américain se réfère au livre de Drue Leyton Tartière [1],
The House near Paris, publié en 1946.
L’actrice de cinéma, Drue Leyton Tartière, travaillait pour le ministère de l’Information dans l’équipe de Paris Mondial [2]. Elle y produisit des émissions promouvant la France en Amérique. Ses émissions attirèrent l’attention des nazis que Drue Leyton ne cessait de fustiger. Dans cinq de ses programmes en langue française, la radio de Berlin annonça qu’après la conquête de la France, elle serait exécutée.
En sa qualité de journaliste occasionnelle, elle accompagne le gouvernement français sur les routes de l’exil. Dans son livre,
The House near Paris, elle écrit que le 11 juin, les « quarante-deux ressortissants étrangers » de Paris Mondial quittaient Paris à destination de Tours où s’était retiré de gouvernement.
Petit détail piquant : A Tours, tous les hôtels affichent « complet ». Tout le personnel de la radio trouva cependant hébergement dans un bordel réquisitionné par la police.
Revenons à notre « chère » comtesse de Portes ! Je cite Charles Glass :
***** Drue fut sidérée de voir le Premier ministre Paul Reynaud traiter par le mépris les émissaires britanniques, Lord Gort et le général Ironside. Ils avaient beau le soutenir contre ses ministres défaitistes, il les relégua dans la voiture de sa maîtresse, la comtesse de Portes. Tôt le 13 juin, l’équipe de Paris Mondial repartit pour Bordeaux.*****
Encore un petit détail piquant : le 18 juin, Drue Leyton aperçoit Pétain, « en uniforme à galons dorés de maréchal de France » entrer dans le studio temporaire de Radio France pour y prononcer le fameux discours «
Je fais le don de ma personne à la France... C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat... ».
A 10 heures, écrit Drue Leyton, « un garçon installait le micro » mais pas assez vite au goût de Pétain qui lui « flanqua un coup de pied ».
Plus loin, Drue Leyton écrit que les petites gens estimaient que la France ne devait pas cesser le combat et qu’ils tenaient pour acquis que le Gouvernement conserverait la Flotte et combattrait depuis l’Afrique du Nord. Désabusée, Drue Leyton ajoute «
Ces braves gens n’avaient pas vu les ministres et leurs maîtresses. Celle de Reynaud, la comtesse de Portes, poussait à la capitulation, persuadant son amant de nommer les ministres qui bientôt le révoqueraient et mettraient fin aux combats ».
Bien cordialement,
Francis.
[1] En 1937, Jacques Tartière (Jacques Terrane, de son nom de scène), petit-fils de Georges Feydau, rencontre, à New York, sa future épouse, Drue Leyton, une actrice américaine très glamour. En 1938, à la veille des accords de Munich, le couple se marie à Londres. En septembre 1939, Jacques Tartière s’engage dans l’armée française tandis que Drue Leyton accepte de travailler au sein de la radio Paris Mondial.
Le parcours de Jacques Tartière, Compagnon de la Libération :
[2] Paris Mondial : ancêtre de la RFI (Radio France Internationale)