Bonsoir,
Dans le dernier numéro de feu notre magazine préféré, Nicolas Chevassus-au-Louis [*] proposait une article sur les armes chimiques et biologiques durant la Seconde Guerre mondiale.
Saisissons ce prétexte pour à la fois remonter notre magazine en tête de liste et surtout pour évoquer un aspect de la science allemande qui m'était totalement inconnu : les dangers de l'amiante.
Alors que de nos jours l'évidence du caractère cancérigène de l'usage de l'amiante fait encore l'objet de débats et de procès, en 1943, il y a 70 ans, les nazis déclarèrent le cancer de l'amiante comme maladie professionnelle.
Déjà en 1936, les autorités allemandes lancèrent une campagne « anti-poussière », en désignant l'amiante comme cible principale. En 1937, un comité pour l'amiante fut créé au sein du ministère du Travail chargé d'étudier la nocivité des poussières d'amiante. Ce comité, en 1940, de plus en plus conscient du risque, renforça les normes d'exposition à la poussière. Les recherches sur les mécanismes de la carcinogenèse furent fortement soutenues, montrant en 1942 que «
les travailleurs de l'amiante étaient enclins à souffrir d'une forme rare de cancer connue sous le nom de mésothéliome, un cancer des tissus garnissant l'extérieur du poumon ».
Finalement, en 1943, le gouvernement nazi reconnaît le mésothéliome et le cancer du poumon provoqués par l'amiante comme maladies professionnelles indemnisables.
Après la défaite et la chute du régime nazi, la médecine allemande complètement pervertie et dévoyée par son implication dans une idéologie raciste, avait perdu toute crédibilité et les recherches sur les dangers de l'amiante furent oubliées.
Bien cordialement,
Francis.
[*] Nicolas Chevassus-au-Louis est l'auteur de livre
Savants sous l'Occupation :
