Stopper Hitler impliquait la constitution d'une alliance entre les démocraties occidentales (férocement coloniales, soit dit en passant pour nos leçons de moralité) et de la Russie soviétique dans les années trente. Le Führer en était le premier conscient, dans la mesure où il s'est acharné, par tous les moyens (mélange d'étalage de force et d'apparente hésitation, oeillades et menaces à peine voilées), à conclure un accord avec Staline au cours de l'été 1939.
C'est le tragique paradoxe du XXème siècle, mais l'époque n'a pas le monopole des pactes contre-nature : de l'alliance entre le Roi Très Chrétien de France et le Sultan aux récents errements occidentaux envers nos anciens amis Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, El Assad, sans oublier l'irresponsable dictature pakistanaise, les relations internationales reposent prioritairement sur une bonne dose de cynisme et un certain degré d'aveuglement volontaire.
Pour ma part, je pense que l'alternative posée par les années trente consistait en ceci : préférons-nous
- une abominable dictature raciste qui cherche à étendre chez ses voisins, par la violence ou par la ruse, son univers concentrationnaire,
- ou bien une dictature (pas moins abominable quoique de nature différente puisque pervertissant l'idéal de la fraternité) qui n'a pas l'intention de faire pousser les barbelés ailleurs que derrière ses frontières ?
Autrement considéré, dans les années trente l'U.R.S.S. ne menaçait pas la paix mondiale, l'Allemagne si et, au-delà de la paix, l'humanité toute entière.
Bref, j'ai beau considérer que c'est faire injure aux raclures de bidet que de ravaler Staline à leur rang, il n'en demeure pas moins qu'il était indispensable de s'en rapprocher pour contrer le plus grave danger de l'heure. |