Le livre d'Henri Frenay est un récit puissant, émouvant et révélateur de l'état d'esprit des premiers résistants qui, à l'été 1940, alors que la France est en état de choc,(juste avant la dépression nationale collective) décident de rompre l'isolement afin de trouver d'autres réfractaires pour commencer à se réunir pour se remonter le moral. C'était déjà beaucoup... c'était une première victoire sur l'ignominie, la lâcheté et la démission de 99% des élites !
Mais si le récit du chef de "COMBAT" a la force de conviction de son auteur, il ne peut pas être reçu comme une source très fiable : avec l'évolution de l'occupation, le débarquement allié en Afrique du Nord, le CNR, Caluire, la Libération et les deux procès Hardy, Frenay dut prendre parti; nul ne cherche à le lui contester, simplement, certaines des certitudes de Frenay transforment son texte en un plaidoyer pour les cadres de "Combat" mêlés à l'affaire de Caluire et la mort de Jean Moulin. C'est à partir des années 1974-75 que Frenay commence sa campagne visant à faire passer le représentant de De Gaulle pour un proto-communiste et, malheureusement, il s'auto-intoxique avec cette affirmation qu'il n'a jamais pu prouver... Henri Frenay discrédita en partie dans son livre suivant son beau travail sur "Combat"; personne ne lui avait demandé de faire le travail des historiens ou des services de contre-espionnage ! Reste cette "Nuit finira", un récit passionnant mais qui doit être confronté à des études moins partiales. (je n'utilise plus le mot "objectif" pour l'histoire.)
Amicalement,
René |