Vous me semblez exprimer des indignations de principe en ignorant complètement les préoccupations des uns et des autres pendant la drôle de guerre. Après avoir interdit le PCF et en attendant l'orage vert de gris qu'on espère repousser jusqu'en 1941, on conjecture justement beaucoup en France quand à l'entente "nazie-bochévique" sorte d'Axe du mal de l'époque et on se prend notamment à vouloir secourir les Finlandais ou à bombarder les pétroles de Bakou entre autres joyeusetés.
L'obsession franco-britannique, c'est de faire la guerre à l'Allemagne jusque ce qu'il faut, c'est à dire pas trop, souvenir de 14-18 oblige mais aussi par crainte de favoriser Staline d'une quelconque façon. Lisez par exemple les notes du colonel de Villelume pendant cette période, c'est édifiant.
Comme il est très justement rappelé sur ce fil, tout converge pour voir alors un Staline toujours éminemment cynique mais pragmatique, inquiet et très défensif au plan géostratégique de crainte de voir se retourner contre l'URSS une grande coalition occidentale que beaucoup tant en Angleterre qu'en France aimeraient voir se former.
Fait moins connu mais révélateur enfin, ce sera la même chose au cours des premières années de l'après guerre où en guise de "péril rouge", l'URSS n'aura pas de plus grande crainte que de voir les Occidentaux, Américains en tête évidemment se lancer dans un grand Barbarossa nucléarisé, ce qui n'est d'ailleurs pas entièrement infondé vu les plans de guerre Trojan ou Charioteer. Bref, vers 1950 dans l'Armée soviétique (dite toujours "Rouge" chez nous d'ailleurs bien qu'ayant perdu ce nom depuis plusieurs années), on étudie à fond non pas "Uranus" ou "Bagration" mais la bataille de Koursk parce qu'on se sent encerclé et vulnérable tout comme dans les années 30, tout au moins jusqu'au développement d'un arsenal nucléaire crédible. |