L'intérêt de cette affaire - Le Roi qui a trahi - forum "Livres de guerre"
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Le Roi qui a trahi / Martin Allen

En réponse à -4 -3 -2
-1Le Duc de Windsor et les Nazis de Serge Desbois

L'intérêt de cette affaire de françois delpla le lundi 06 juin 2011 à 11h50

Une autre discussion m'a incité à relire le chapitre des mémoires de Schellenberg consacré à cette affaire.

L'auteur, spécialiste SS des affaires étrangères et devenu plus puissant que Ribbentrop dans ce domaine au plus tard vers le milieu de la guerre, a fait à la fin et au lendemain de celle-ci une cour effrénée aux Anglais, qui lui a permis de ne pas être trop durement condamné. Ses mémoires sont, bien entendu, à lire en fonction de ses objectifs au moment de la rédaction (il meurt de maladie en 1952, laissant le manuscrit inachevé).

Il me semble qu'il cherche à donner du nazisme l'image la plus positive (ou la moins négative) possible, en insistant notamment sur l'amour de Hitler pour la Grande-Bretagne : c'est bien un discours de début de guerre froide, appelant à une mobilisation occidentale contre un danger "russo-chinois".

D'autre part il écrit visiblement avec les premiers tomes des mémoires de Churchill à portée de la main et a soin de ne pas trop les contredire : sur le vol de Hess, c'est presque du copié-collé !

Sur le cas Windsor, contrairement à ce qui nous a été dit, tout ici plaide en faveur d'une initiative hitlérienne, Ribbentrop fonçant pour ne pas déplaire.

La mission confiée par ce dernier à Schellenberg de la part de Hitler (et par lui personnellement au téléphone, la veille du départ, depuis le bureau du ministre), en juillet 1940, consiste à rencontrer en Espagne le duc (qui réside alors à Lisbonne mais est censé venir chasser en Espagne), et à le convaincre de venir dans un "pays de son choix" qui pourrait être la Suisse, où on dépose à son intention une grosse somme en banque. Il est question d'employer la force en dernier recours (contre des agents anglais qui voudraient lui disputer le gibier), mais avant tout de lui demander son avis.

Schellenberg se vante d'avoir fait échouer la mission en s'arrangeant pour que la surveillance, anglaise comme portugaise, soit renforcée; il laisse vaguement entendre qu'à la fin Ribbentrop tenait plus au succès que Hitler. Lequel, il est vrai, ne semble guère avoir insisté sur l'importance de la réussite, ni demandé de persévérer.

Je soumets au débat l'hypothèse suivante, qui vient de me venir : il y aurait là une manifestation de la mystique hitlérienne. Le concepteur du coup écrasant contre la France est tout déboussolé par la résistance churchillienne, contraire à son contrat avec la Providence, surtout après Mers el-Kébir (le 3 juillet, soit le jour même où Windsor est nommé gouverneur des Bahamas et arrive au Portugal) : tout avait tellement bien marché jusque là ! De ce point de vue, le discours tenu par Ribbentrop (le 20 juillet, d'après Martin Allen, p. 266, qui ne donne pas de source, les mémoires de S étant dépourvus de toute date sur sa mission) est intéressant :

Le duc de W était l'un des Anglais les plus avertis qu'il ait rencontrés, l'esprit ouvert aux questions sociales et possédant les idées les plus saines qui soient. Voilà précisément ce qui avait déplu à la clique gouvernementale; l'histoire du mariage avait procuré un excellent prétexte pour écarter cet ami loyal et fidèle de l'Allemagne.

Une archive allemande, publiée en 1956, précise les instructions adressées par Ribbentrop à Stohrer, ambassadeur à Madrid :

(…) dès que l’opportunité se présentera en Espagne, le duc doit être informé que les Allemands veulent la paix avec le peuple anglais, que la clique de Churchill s’y oppose et que ce serait une bonne chose si le duc voulait se tenir prêt à de nouveaux développements. L’Allemagne est déterminée à imposer par tous les moyens la paix à l’Angleterre et serait prête à satisfaire tout désir exprimé par le duc, surtout dans le cas où le duc et la duchesse monteraient sur le trône britannique. Si le duc avait d’autres projets, s’il était disposé à coopérer à l’instauration de bons rapports entre l’Allemagne et l’Angleterre, nous pourrions de notre côté lui assurer, ainsi qu’à son épouse, une pension qui lui permettrait, soit comme simple particulier, soit dans une autre position, de mener l’existence qui convient à un roi.
(Allen p. 261, sans date : il faudra la rechercher dans le recueil des archives allemandes).

(Soit dit en passant : la fibre sociale n’est caressée qu’un jour sur deux !)

On voit que l'éventail est très ouvert et que Hitler n'est pas en train, comme on l'en accuse parfois, de miser sur la chimère d'un rétablissement d'Edward VIII sur le trône. Tout ce qu'on lui demande, c'est d'être anti-churchillien et de le manifester en refusant les Bahamas.

Hitler est à la recherche du contact avec la Providence, perdu à Dunkerque et plus encore à Mers el-kébir. Il essaye, il tente, il tire tous les fils possibles. Il a reçu Windsor au Berghof en 1937 et jaugé sa nullité, il se prend à rêver de l'application parfaite qu'auraient connue ses plans s'il avait continué à régner, Churchill n'ayant alors aucune chance d'être premier ministre, il se dit que peut-être l'obstination churchillienne va entraîner le naufrage de George VI et qu'en tout cas il n'est pas mauvais d'avoir un prince dans son jeu...

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