soit retourné brouter en ses verts pâturages !
Mais qu'importe, on peut être poli envers les participants pour deux, et je prolongerai cette discussion sur un Hitler entouré ou non de gens jouant perso en citant ce passage de ma récente traduction de Lukacs :
Son projet à lui était clair : combattre jusqu’au bout et, par là, de précipiter l’inévitable rupture de l’alliance de ses ennemis. Pourtant, à côté de cette résolution d’airain on trouve des cas, surtout pendant la dernière année de la guerre, où il autorisait, tacitement ou non, quelques tentatives de contacts indirects, ou même directs, spécialement avec l’ennemi américain. Il y avait aussi d’autres manœuvres : par exemple en Grèce, le fait de laisser des armes derrière lui pour alimenter la guerre entre les mouvements de résistance, l’un anticommuniste et lié à l’Angleterre, l’autre communiste et lié à la Russie. A l’extrême nord de la Norvège, une évacuation des troupes allemandes fut effectuée au cours de l’hiver 1944-45 dans l’espoir de provoquer un choc, dans l’espace laissé libre, entre les troupes russes qui avançaient et les commandos britanniques. Avant l’évacuation de Rome par l’Allemagne en juin 1944, Hitler voulait que le feld-maréchal Kesselring engageât une sorte de négociation avec ses homologues américains pour déclarer Rome ville ouverte. Par égard pour l’opinion américaine et sans doute aussi catholique, il ordonna de laisser Rome intacte. Et il n’ordonna pas non plus –contrairement à une croyance largement répandue- que Paris avant d’être évacué fût détruit ou brûlé. Il savait en 1944 et 1945 que Himmler était engagé dans maintes négociations sombres et tortueuses avec les Américains : il semble y avoir tacitement consenti ; nous connaissons seulement une occasion (en février 1945) où il réprimanda Himmler pour cela. Le même mois, il permit à son rigide subordonné Ribbentrop d’émettre une directive aux diplomates (une Sprachregelung), les engageant à essayer d’entrer en contact avec leurs collègues anglais et surtout américains, afin de les alerter sur les dangers du communisme et de la pénétration russe en Europe. Quand, en mars 1945, le général SS Karl Wolff entama de vraies négociations avec les Américains sur une capitulation partielle des troupes allemandes en Italie, Hitler fut non seulement mis au courant mais il reçut Wolff à Berlin et, à sa manière, lui souhaita de réussir dans son entreprise . |