Eléments d'appréciation - Histoire(s) de la Dernière Guerre - forum "Livres de guerre"
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Histoire(s) de la Dernière Guerre / collectif

En réponse à -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1documents ? de françois delpla

Eléments d'appréciation de Francis Deleu le jeudi 04 novembre 2010 à 15h54

Bonjour,
Il est question de l'annulation d'un rendez-vous avec Hitler. Dans la conjoncture d'octobre 40, où tout le monde les accepte avec empressement, voire les sollicite, on voit très mal Léopold en refuser, et encore moins en annuler, un; en revanche, la modification par Hitler de son agenda pour cause d'imminence de l'agression italienne contre la Grèce est notoire... même si, ce que j'ai été l'un des premiers à faire, cette motivation doit être prise avec des pincettes (François)
Pour expliquer pourquoi Hitler écourte son voyage, De Launay écrit :
L'annonce inattendue de l'entrée des Italiens en Grèce oblige le Führer à supprimer la rencontre d'Yvoir.
Dans une biographie ancienne, Léopold III, signée Michel Dumoulin, Mark van den Wijngaert et Vincent Dujardin, ceux-ci notent :
Une rencontre était prévue avec Léopold : le 25 octobre, Hitler se rendit dans ce but, à Yvoir en train. Mais il repartit dès le lendemain, car il devait rencontrer Mussolini à Florence le 28 octobre, afin de le détourner de ses projets d'invasion de la Grèce.
Par ailleurs, je m'étais étonné de la date fixée pour la rencontre Hitler-Léopold III à Yvoir : le 27 octobre 1940 alors que le train d'Hitler, en provenance de Montoire, arrive en gare d'Yvoir le 25 octobre. Deux jours d'attente dans une petite ville charmante ... à moins qu'Hitler n'ait programmé une excursion à l'abbaye toute proche de Maredsous pour y déguster ses bières et ses fromages.
Stengers s'en étonne également et suggère qu'il pourrait s'agir d'une erreur de retranscription de Van Overstraeten [1]. Le lieu et la date de la rencontre avaient été communiqués à Van Overstraeten (le 19 octobre) par le colonel Kiewitz [2] qui lui-même avait été informé par un aide de camp de Hitler.
Autre sujet d'interrogation : l'entourage du Roi est informé d'une rencontre dès le 19 octobre alors que Laval n'en est informé qu'à la toute dernière minute en cours de route vers Montoire.

A propos du rendez-vous avec Degrelle, rien ne le confirme. L'historien britannique, Martin Conway, auteur de "Degrelle - Les années de collaboration", unanimement saluée par l'ensemble des historiens belges comme la biographie la plus aboutie de Degrelle :
Les assertions [...] de Degrelle au sujet d'une entrevue avec Hitler, prévue pour l'automne et reportée à la dernière minute, ne sont vraisemblablement qu'une de ses nombreuses fantaisies d'après-guerre.
Comvay indique par ailleurs qu'en dépit de ses prétentions sur ses relations privilégiées avec les nazis, Degrelle est considéré comme insignifiant. Sur ordre de Goebbels, il est même ignoré pas la presse nazie.

Reste à savoir si le Roi a décliné ou non l'invitation. Tout ce que nous savons c'est que Léopold III a décliné deux invitations en mai/juin. Une indication pouvant expliquer son attitude : alors que le Roi est prévenu (31 mai) que Hitler à l'intention de le rencontrer très prochainement, le souverain rédige aussitôt le mémorandum suivant :

A l'égard de l'Allemagne :
La Belgique s'est constamment astreinte à une scrupuleuse neutralité. Les armées du Reich ont envahi notre territoire au mépris des engagement volontairement proclames, en alléguant des inculpations mensongères, et sans déclarations de guerre. Rien ne saurait justifier cette agression.
Cette position inattaquable doit être soutenue avec une intransigeance absolue.
A l'égard des Puissances qui ont répondu à notre appel :
On peut prétendre que nous avons tenu nos obligations:
- en couvrant leurs préparatifs pendant huit mois qui leur ont été extrêmement précieux; délai d'une valeur inestimable pour la Grande-Bretagne;
- en nous battant à leurs côtés jusqu'à l'épuisement.
Il n'en reste pas moins que nous leur devons, en outre, de ne pas consentir à ce que notre territoire et ses ressources soient utilisés contre eux. Or, nos routes, chemins de fer, terrains d'aviation, lignes d'eau, à ne considérer que des fins militaires, seront indubitablement mis à profit par les Allemands jusqu'à la fin des hostilités. (...)
Il s'ensuit l'impossibilité de conclure un arrangement avec l'Allemagne avant la fin des hostilités.
Au reste, le Roi, prisonnier, ne pourrait souscrire valablement à quelque acte politique que ce fût.
La position ci-dessus définie me paraît à l'abri de toute critique.

En ce qui concerne une rencontre du Roi avec Hitler, s'il semble impossible d'en refuser le principe, les circonstances actuelles la rendent inopportunes et conseillent de la différer autant que possible.
C'est le dernier paragraphe qui nous interressera en premier lieu.

Bien cordialement,
Francis.


[1] Raoul Van Overstraeten : conseiller militaire du Roi
[2] Kiewitz : aide de camp allemand auprès du Roi.

*** / ***

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