Bonsoir,
Les Tsiganes sont souvent oubliés comme victimes de la "Solution finale". Notons à cet égard que le monumental "ouvrage mémorial" en 4 volumes, présenté ici, porte en sous-titre :
La destruction des Juifs et des Tsiganes de Belgique.
Quelques dizaines de pages, enrichies des photos d'identité des victimes, leur sont consacrées.
Jusqu'à leur arrestation, fin octobre 1943, les Tsiganes ne font l'objet que d'une seule disposition spécifique des autorités d'occupation. En application d'une ordonnance générale de la sécurité militaire allemande, prise le 12 novembre 1940, ils sont interdits de circulation dans les régions côtières et dans l'arrondissement d'Anvers.
En réalité, la rafle des Tsiganes s'effectuera sans que l'occupant n'ait à prendre des mesures particulières. La réglementation belge y pourvoira largement. En décembre 1941, la police des étrangers instaure une carte de nomade. Elle s'intitule de manière significative "
Zigeunerkaart", greffant la discrimination ethnique sur une réglementation nationale qui ne connaît pourtant que des citoyens belges ou des étrangers. La carte, permis de séjour d'une validité de trois mois, oblige les gens du voyage n'ayant pas la nationalité belge, à la faire contrôler tous les mois par la brigade de gendarmerie la plus proche du lieu de séjour. En janvier 1942, la gendarmerie aidée des polices communales, oblige les nomades à camper sur les lieux désignés. Comprenons que lorsque les Allemands décidèrent d'arrêter et de déporter les Tsiganes, ils disposaient d'un redoutable outil pour repérer leurs campements.
L'ordre de déporter les Tsiganes au
Zigeunerlager d'Auschwitz parvient à la Sipo-Sd de Bruxelles le 29 février 1943. Les rafles sont cependant tardives. Elles débuteront huit mois plus tard à partir du 22 octobre 1943. La
Feldgendarmerie, sachant où se trouvaient les campements, n'avait qu'à cueillir les familles. Au total 351 Tsiganes seront arrêtés et internés à la caserne Dossin de Malines. Parmi eux, on dénombre 145 Tsiganes, pour moitié de nationalité française, arrêtés conjointement par la
Feldgendarmerie et la gendarmerie française dans le Nord de la France - alors rattachés au commandant militaire de la Belgique - entre le 22 octobre et le 9 décembre 1943. Contrairement aux détenus juifs, hébergés dans les chambrées de la caserne, les Tsiganes, stigmatisés comme parias, sont cantonnés dans une salle fermée, n'ayant pas accès aux sanitaires ni aux soins médicaux.
Ils seront déportés à Auschwitz, le 15 janvier 1944 par le convoi Z - Z comme Zigeuner - rattaché au convoi 23 transportant uniquement des Juifs. A l'arrivée à Auschwitz, 3 jours plus tard, sans sélection comme pour les convois de Juifs, les Tsiganes sont dirigés vers le
Zigeunerlager de Birkenau, véritable mouroir. Les rations alimentaires y sont inférieures de moitié à celles, déjà misérables, attribuées aux autres détenus. En six mois de captivité, la moitié des détenus décédera de malnutrition ou de maladie. Sur les 351 déportés, seuls 16 déportés survivront.
Bien cordialement,
Francis.
PS : pour en savoir plus sur le génocide des Tsiganes, deux livres au catalogue de LdG :
- Christian Bernadac,
L'Holocauste oublié - Le massacre des tsiganes.
- Un ouvrage plus récent de Emmanuel Filhol, Marie-Christine Hubert,
Les Tsiganes en France
- Sans oublier la bonne synthèse publiée sur Histoquiz par Marie-Christine Hubert et Daniel Laurent,
Le génocide des Tsiganes