
Au début de la Seconde Guerre mondiale, les Tsiganes de nationalité française furent rassemblés pour être transférés dans une trentaine de camp dressés et gérés par Vichy. Ces Français de souche parfois ancienne, quelquefois sédentaires mais le plus souvent nomades étaient fichés depuis 1912 et tenus par la loi de faire valider leur « Carnets anthropométriques » auprès des gendarmeries : des fichages préalables qui faciliteront les internements.
Le sort des gitans en France fut particulier, différent, par exemple, de celui qui fut fait aux Juifs déportés en Allemagne. En mettant en lumière cette page ignorée de notre histoire, Marie-Christine Hubert et Emmanuel Filhol ont réalisé ici un travail inédit, souvent émouvant grâce aux témoignages qu’ils ont retrouvés dans les archives, mais aussi auprès de survivants. Ainsi cette histoire tragique croise celle de la Seconde Guerre mondiale avec son cortège d’horreurs - Abandonnés dans leurs camps, les gitans vont vivre dans des conditions misérables et ne seront libérés qu’en 1946 – mais elle puise aussi ses sources aux fondements de la Troisième République : une république fortement attachée à façonner un citoyen français à ses normes – laïc, sédentaire, scolarisé – aux antipodes d’une culture orale, nomade, et… différente.
Emmanuel Filhol est maître de conférences hors classe à l’université de Bordeaux I. Marie-Christine Hubert a soutenu une thèse d’Histoire sur les tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a collaboré à l’ouvrage Un camp pour les Bohémiens (Actes Sud 2001).
De plus, Madame Hubert présente la particularité rare chez les historiens professionnels d’être disponible pour tendre la main aux amateurs passionnés d’histoire.
Signalons au passage une initiative de memoire a laquelle Madame Hubert participe :
