Permettez-moi de citer encore une fois Nicolas Bernard qui m'avait convaincu sur un autre forum public :
[…] de l'aveu de l'avocat de René Hardy lui-même, la chose jugée ne saurait avoir une portée absolue. […] les procès de René Hardy n'ont, quoi qu'on en dise, pas réfuté la thèse de la culpabilité. En 1947, il est acquitté sur la base d'un mensonge (il prétend ne jamais avoir été arrêté, et les témoins prétendant l'inverse sont écartés parce qu'anciens membres de la police allemande...). En 1950, il est acquitté pour cause de Guerre froide : les témoins qui corroborent sa trahison, les documents qui l'établissent, sont repoussés parce que d'origine nazie.
En 1950, il a un motif de récusation du témoignage de Delétraz [qui a alerté la Résistance avant la réunion de Caluire en désignant Hardy comme traître]. Cette dernière prétend avoir vu Hardy (alias "Didot"), au Q.G. de la Gestapo lyonnaise quelques heures avant la rafle de Caluire ? Im-pos-sible ! Un témoin, Roger Bossé, l'ancien agent de liaison de René Hardy, et héros de la Résistance qui survivra miraculeusement au peloton d'exécution, certifie au contraire qu'il déjeunait avec Hardy à la même heure ! Entre le survivant héroïque et l'agent "multiple", le choix de l'avocat [maître Maurice Garçon] est évidemment déjà fait.
Oui, mais... La vérité a eu le dernier mot, pour citer Henri Noguères. Et la vérité a été révélée par René Hardy en personne. Au réalisateur d'un documentaire, Claude Bal, il aura cette phrase terrible, des décennies plus tard : "Bossé a fait un faux témoignage ? Eh bien, c'est un copain. Un copain qui ment pour te sortir d'un mauvais coup, c'est un gars bien !" (cité in Noguères, La vérité aura le dernier mot, Seuil, 1985, p. 135)
Cette déposition de Roger Bossé était donc un coup monté. Une manœuvre de René Hardy pour discréditer un témoin qui, par sa faute, sera diffamée et injuriée en audience, menacée d'arrestation, et victime d'une ouverture d'information judiciaire qui, fort heureusement, s'achèvera par un non-lieu.
[Barbie, de son côté] manque de moyens - et doit compter sur des supplétifs parfois douteux (voir le cas Edmée Delétraz, qui travaille pour lui, mais [en dernier ressort] pour la Résistance, et qui fera son possible pour alerter cette dernière de la trahison de Hardy et du piège qui attend certains chefs à Caluire) - mais il n'a jamais varié dans ses déclarations : Hardy était bien le traître. |