Pour rappel, l'ex-anonyme soutient que "la France, comme les Balkans, comme l'URSS était un pays de maquis dont les chefs obéissaient parfois plus à Staline qui disait d'attenter à la vie des Allemands, qu'à de Gaulle qui disait de n'en rien faire".
Il se fait ensuite plus précis : "Je n'ai pas parlé de Résistance (lignes d'évasion, etc) forcément discrète et peu armée mais de maquis comme le Vercors, les Glières ou la Corrèze, constituant un danger stratégique pour une armée d'occupation".
Ces allégations relèvent de la foutaise caractérisée, ce qui démontre que l'ex-anonyme fait preuve d'une ignorance crasse de l'histoire de la Résistance - pour un bilan relativement récent de la lutte armée, voir François Marcot (dir.), La Résistance et les Français. Lutte armée et maquis - actes du colloque international de Besançon 15-17 juin 1985, P.U. de Franche-Comté, 1996.
Tout d'abord, il est faux d'écrire que De Gaulle n'a pas appelé à tuer l'occupant, au contraire des communistes. La différence entre les perceptions gaulliste et communiste de la lutte armée consistait en ceci : la France libre voulait attendre le débarquement allié, heure à laquelle se déclencherait l'insurrection nationale, les communistes voulaient frapper immédiatement (je résume beaucoup, peut-être même trop, mais enfin l'esprit y est). "La libération nationale ne peut être séparée de l'insurrection nationale", proclame De Gaulle le 18 avril 1942, même si un tel plan sera élaboré lentement.
Il faut également tenir compte de la variété des motivations du peuple des maquis, constitué notamment de jeunes voulant fuir le S.T.O., pour contredire le fait que ces maquis étaient remplis à ras bords de "staliniens" (un thème de la propagande germano-vichyste, reprise les yeux fermés par l'ex-anonyme). A ce titre, chacun des maquis cités par l'ex-anonyme était peuplé de l'ensemble des mouvements de la Résistance en particulier les mouvements Armée Secrète (pas communistes) et F.T.P. (communistes).
Les maquis du Limousin (incluant la Corrèze) répondent parfaitement à cette définition magmatique. De plus, alors que le maquis des Glières a été mis sur pied début 1944 à la suite d'une co-décision de la France libre, du S.O.E., et de l'Armée Secrète, le Vercors répond à un objectif similaire de harcèlement des troupes d'occupation, mais plus ambitieux : la stratégie des camps retranchés. Décidée à Londres en 1942, approuvée par De Gaulle, elle est violemment contestée par... Charles Tillon (P.C.F.), qui recommandait la formation d’une multitude de petits maquis, ayant l'avantage de la mobilité et aptes à se fondre dans la population. L'insurrection du maquis du Vercors, en juin 1944, résulte, d'ailleurs, d'instructions données par Londres. Son échec a prouvé la validité des objections de Tillon. |