2) Les efforts frénétiques des encerclés de Viazma et Briansk pour s’extraire de ces "chaudrons" obligent la Heeresgruppe Mitte à maintenir autour des poches plusieurs divisions d’infanterie.
Plusieurs, c'est d'abord 28 divisions, puis 14 a la mi-octobre si je ne m'abuse. Ca fait pas mal de "plusieurs", non?
3) La dégradation des conditions climatiques début octobre accentue ces difficultés. A cause de la boue, les munitions, les pièces de rechange, les véhicules et l’artillerie, la nourriture aussi, cessent pratiquement d’être acheminés.
Pas seulement, les pluies des 18 et 19 octobre immoblilisent même les chenillettes CTZ. Ce qui veut dire que les T-34 et les fantassins sont immobilisés à ce stade depuis belle lurette, et à plus forte raison les Panzer.
4) Le ravitaillement ferroviaire est saturé :
Et attaqué par les bombardiers stratégiques de l'ADD rescapés de Barbarossa et concentrés autour de Moscou. Plus les régiments de Po-2. Ne riez pas, c'est près de 100% de réussite sur des rails de chemin de fer. On ne peut pas en dire autant du bomber command, ni des superfortress américaines...
Toutefois, l’O.K.H. a sombré dans la folie des grandeurs et décidé, le 10 octobre, d’étendre la surface de son offensive, qui comprend, outre la prise de Moscou, l’anéantissement du Front du Nord-Ouest (à cet effet, la Panzergruppe 3 doit s’emparer de Kalinine, et opérer sa jonction avec les forces de la Heeresgruppe Nord qui, au même moment, se prépare à marcher sur Tikhvine !). Moscou est censé tomber à la suite d’une vaste manœuvre d’encerclement. Cette stratégie entre en vigueur le 14 octobre.
Effectivement, on ne voit pas en quoi la chute de Kalinine entrainerait celle de Moscou. Si les tenailles doivent se refermer c'est à l'est de la ville ou il n'y a que d'immenses massifs forestiers. La Heer dépourvue de chars, d'avions, de canons compte t-elle vraiment battre les trappeurs sibériens dans ces conditions?
Le fait est que ni la boue et les difficultés logistiques, ni l'Armée rouge, n'empêcheront l'Ostheer de poursuivre son avance pendant plusieurs jours dans la seconde quinzaine d'octobre :
Certes, mais avec 668 mille hommes en moins dans le secteur l'armée rouge a, tout à coup beaucoup moins les moyens de son ambition.
3) Au sud, en revanche, les difficultés rencontrées par Guderian sont telles que, le 15 octobre 1941, il informe Von Bock qu'il doit stopper son avance.
Sans diminuer en rien les mérites des défenseurs de Kalouga et des autres, faut-il rappeler qu'ils ont recu la grosse part des 85 000 réscapés de Vyazma. Ca aide.
La ligne de défense soviétique n'en a pas moins été percée, et si, dans ce même laps de temps, la boue a freiné l'envahisseur, elle ne l'a pas stoppé. La résistance soviétique ne doit pas non plus être surestimée : comme l'indique Von Bock dans son journal à la date du 21 octobre, "les Russes nous gênent beaucoup moins que l’humidité et la boue".
Le peu qui combattaient encore, peut-être pas. Ce n'est pas une raison pour sousestimer les reserves amassées autour de la ville. Ni le 6e korps de la IA PVO et ses 680 chasseurs armées de bombes et roquettes RS-82 et 132 qui vient brutalement d'entrer dans la bataille, faute d'objectifs dévolus. Idem pour les canons de DCA au chômage. Les allemands ayant définitivement renoncé à detruire Moscou par les airs.
A mon sens, ce plan pouvait peut-être réussir, dans ce contexte très particulier. Aussi catastrophique qu'il soit, l'état logistique de la Hgr. Mitte ne l'a pas empêché d'avancer : l'option stratégique retenue, à savoir encercler Moscou au lieu de concentrer l'effort sur cette ville, a donc contribué à ralentir une offensive qui se noyait dans la boue, mais n'en progressait pas moins, face à un adversaire par endroits en déroute. Il faut ajouter un autre élément : comment aurait réagi Staline si les Allemands avaient directement foncé sur Moscou, du nord, du centre et du sud ?
A mon avis, il aurait utilisé davantage sa réserve patiemment constituée qu'il ne l'avait fait jusqu'à présent faisant subir aux allemands une guerre d'usure que pour une fois il semblait en état de gagner depuis le début du conflit, faisant reposer les efforts à des rescapés peu nombreux, usés mais qui se battent avec l'énérgie du déséspoir croyant vraiment que la chute de Moscou entraînerait celle de l'URSS.
Or il dispose à cette époque de la reserve stratégique de la STAVKA VGK qui compte 75 divisions neuves et en outre 24 divisions de reserve opérationnelle stationnées à Ryazan', Noguinsk et Ryajsk, complètes et opérationnelles à 100%.
En pratique, c'est un nouveau groupement stratégique dont la puissance dépasse largement celle du groupement qui avait commencé les combats défensifs devant Moscou.
Il est bon de rappeller que les 65 000 sibériens qui montent vers Moscou n'en font pas partie, puisqu'il s'agit d'unités d'actives. Pour les anxieux d'une intervention japonaise en extrême-orient pas moins de 300 000 jeunes recrues de la region moscovite vont les remplacer, prenant le train à contre sens. De fait les effectifs soviétiques faisant face aux japonais en chine vont progressivement passer de 1.2 à 1.5 millions d'hommes.
En toute hypothèse, fin octobre - début novembre, l'occasion - certes fragile - est passée. L'hiver est là, l'Armée rouge s'est renforcée.
En novembre, l'hiver est loin d'être un facteur décisif comme je viens de le montrer dans un autre message. Le "million" rassemblé par Staline, si...
A ce propos la contre-offensive devant Moscou va prélever 2 armées en décembre et 26 divisions d'infanterie, 8 de cavalerie, 10 brigades de tirailleurs, 12 bataillons de skieurs autonomes et jusqu'à 100 000 soldats de compagnies de marche.
C'est beaucoup, mais ça ne fait toujours pas fondre cette reserve stratégique sans cesse renouvellée pour Stalingrad.
sources: Dictionnaire encyclopédique de la GGP. Ouvrage collectif sous la direction de Kryakine.
Krivoshéiev
Svirine
Kondratiev
"Rammstein" qui sévit sur les forums russes, que je ne connais pas mais qui a l'air d'en connaître un bout, lui....
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