L'ex-anonyme ne répond pas aux questions qui lui sont posées, et notamment celles que je reproduis ici.
Bref rappel des faits, tout d'abord.
Selon l'ex-anonyme, en effet, la police française aurait été tenue d'obéir
"au-to-ma-ti-que-ment" à l'occupant en toutes matières, notamment la "question juive", ce qui était
lourdement inexact (s'agissant du cas belge, voir
article de Francis Deleu, et
cet autre article du même auteur), et c'est précisément le fait qu'au contraire les
S.S. ne pouvaient se permettre de réquisitionner la police française pour perpétrer les rafles/internements/déportations de Juifs en 1942 qu'ils étaient résolus à négocier sa coopération avec le représentant de cette instance, à savoir René Bousquet.
Ainsi que je l'écrivais,
"réquisitionner la police française pour procéder à des rafles antisémites constituait une violation caractérisée de la convention de La Haye de 1907 et de la convention d'armistice, outre de heurter l'opinion publique française, et, à la longue, d'irriter l'administration militaire. Pris dans leur globalité, ces éléments militaient contre une réquisition directe de la police française. Il fallait donc, plus que jamais, obtenir l'accord de Vichy pour effectuer ces opérations, ce qui ne poserait pas de difficulté, Vichy ayant approuvé et organisé la première rafle de mai 1941, outre d'avoir déjà manifesté sa volonté affirmée de collaborer en matière d'action antijuive, au point qu'il ne s'était pas opposé aux rafles d'août et décembre 1941." A quoi il faut ajouter que les nazis ne pouvaient intervenir qu'en zone occupée, pas en zone "libre"...
En conséquence, dans la première semaine de mai 1942, le chef du
R.S.H.A., Reinhard Heydrich, entre en négociations avec Vichy, via le Secrétaire général à la Police René Bousquet (c'est Heydrich qui prend l'initiative, et non Bousquet) pour obtenir la coopération de la police française, de manière, notamment, à lui confier la tâche de procéder aux rafles elle-même. Heydrich précise à Bousquet que le
Führer aurait ordonné de placer la police française sous la tutelle de son adjoint Oberg, mais qu'il est disposé à n'en rien faire, et à laisser à la police française son indépendance pour travailler main dans la main avec elle, dans un bel esprit de camaraderie policière. Cette concession, on le sait, et l'ex-anonyme a été incapable de le contester,
Heydrich était désireux de l'effectuer avant même de rencontrer Bousquet, de sorte que sur ce point, Bousquet n'a rien obtenu que ce que les nazis étaient disposés, déjà, à lui accorder.
De fait,
après la conclusion le 2 juillet 1942 d'un accord spécifique entre Vichy et les nazis s'agissant des rafles antisémites (prévoyant notamment de livrer aux Allemands les Juifs étrangers de zone "libre"), un accord policier plus général sera conclu le 29 juillet 1942 entre Bousquet et les représentants du
R.S.H.A. en France, de manière à définir l'indépendance de la police française et sa collaboration avec l'occupant
en matière de sécurité, accord qui sera
en fait immédiatement violé par les nazis.
Bref, l'accord conclu avec Vichy le 2 juillet 1942 sur la collaboration policière dans les rafles antisémites a été respecté par les nazis dans la mesure où il garantissait leurs intérêts, et où ils ne pouvaient faire autrement, puisque
manquant d'effectifs à ce titre, mais l'accord policier plus global du 29 juillet 1942 a finalement, lui, été violé à la convenance des Allemands, qui pouvaient se le permettre car ils n'agissaient pas autrement avant son entrée en vigueur, en matière de sécurité des troupes d'occupation. En d'autres termes, non seulement Vichy a accepté de coopérer à l'innommable, mais, en outre, n'a rien obtenu en échange, hormis de vaines et vagues promesses non tenues,
oubliant que le IIIème Reich ne respecte les accords qu'il conclut qu'à la condition que ces accords le servent.
Telle est la réalité historique.
Pourtant, l'ex-anonyme soutient une théorie différente, et totalement délirante. A l'en croire, les
S.S. auraient pu réquisitionner la police française pour effectuer les rafles sans passer par Vichy : en conséquence,
"tous les juifs de Paris et de sa banlieue auraient été raflés en une semaine en 42" (pour rappel, la rafle du Vel d'Hiv' permettra d'arrêter 12.884 Juifs, et 10.000 autres Juifs parqués dans les camps de zone libre seront livrés aux Allemands), le reste devant suivre rapidement.
Mais dans cette hypothèse - inepte -, et
comme je l'avais écrit à l'ex-anonyme,
l'initiative de Heydrich (qui, probablement, ne fait que suivre un scénario composé avec Hitler, car il est exclu qu'il ait cherché à lui désobéir) consistant à entrer en négociations avec Vichy est proprement incompréhensible. Pourquoi Heydrich négocie-t-il, et pourquoi "cède"-t-il immédiatement une police qui, selon l'ex-anonyme, lui appartient déjà ? Pourquoi, puisqu'il peut, selon l'ex-anonyme faire usage lui-même de nos policiers, descend-il de son piédestal pour annoncer à Bousquet qu'il renonce à ce privilège ?
L'ex-anonyme s'est borné à
reproduire ses allégations déjà réfutées, de sorte que je n'ai jamais obtenu de réponse à ma question.
Et pour cause.
Par ailleurs, j'ai
posé cette autre question,
renouvelée, à l'ex-anonyme, qui n'y a jamais répondu - et pour cause :
si, comme l'écrit l'ex-anonyme, les S.S. ne respectaient rien, pourquoi, s'apercevant, nous dit-il, de la prétendue mauvaise volonté française de procéder aux rafles/internements/déportations (la réalité étant sensiblement différente, voir également cet article), pourquoi donc ces "pires bandits que l'Europe ait jamais connus depuis les temps mérovingiens", qui "se moquaient éperdument et en toute saison et de la Convention d'armistice et des conventions de La Haye", ne récupèrent-ils pas à leur profit la police française pour l'administrer directement, et effectuer eux-mêmes les rafles/internements/déportations ?
Pourra-t-il enfin répondre à ces deux questions en m'épargnant les inepties déjà réfutées sur Bousquet-parvenant-à-émouvoir-Heydrich-et-à-lui-arracher-victorieusement-l'indépendance-de-la-police-française ?