Bonjour,
Voici ce qu'écrit J.-L. Crémieux-Brilhac dans "La France Libre, t. 1" (Folio) :" Le 28 août (1940) au matin, l'annonce de la dissidence du Tchad et du Cameroun met la ville (Brazzaville) en ébullition. (...) Le reste de l'Afrique Equatoriale Française suit. (...) Le gouverneur du GABON adhère le lendemain (le 29 août): mais quarante-huit heures plus tard, cédant aux objurgations du vicaire apostolique à LIBREVILLE et aux injonctions des autorités de Dakar, qui lui envoie un détachement naval, il SE RAVISE et rattache son territoire à l'Afrique Occidentale Française : "une enclave hostile et difficile à réduire puisqu'elle s'ouvrait sur la mer" subsistait au coeur de la nouvelle Afrique Française Libre."
(p. 149 - 150)
Puis l'historien revient sur l'épineuse affaire du Gabon "au flanc de l'Afrique ralliée", ce verrou vichyste que les Français libres doivent faire sauter au plus vite. C'est le général d'aviation Têtu qui a été envoyé par Vichy pour tenir la place en combattant; il porte le titre de gouverneur de l'AEF.
Crémieux-Brilhac (p.168) : " Déjà deux colonnes FFL, qui totalisent à peine l'effectif d'un bataillon, ont lentement pénétré la sylve équatoriale, venant l'une du Cameroun au nord, l'autre du Congo; celle-ci piétine devant Lambaréné. Le 12 octobre (1940), De Gaulle informe Churchill, (...), qu'il veut régler la question de Libreville le plus vite possible.(...) A ce moment précis, deux événements imprévus brouillent les cartes : le 24 octobre, Churchill reçoit la visite inopinée du prof. Louis Rougier.(...) Rougier se dit chargé par le maréchal Pétain en personne d'une mission imprécise de contact et peut-être de NEGOCIATION. Or, le soir de ce même 24 octobre, Londres apprend avec stupeur que PETAIN et HITLER se sont rencontrés dans la journée à MONTOIRE, et les nouvelles les plus alarmistes laissent entrevoir que l'Allemagne imposerait une paix séparée à la France et son intégration à un bloc européen."
Halifax, au Foreign Office, prône "l'apaisement", tandis que Churchill fulmine et menace de bombarder la capitale de l'Etat français. De Gaulle fut tenu loyalement informé par le gouvernement anglais. Sa colère calmée, le premier ministre estime qu'il ne faut pas provoquer Vichy au moment où le roi d'Angleterre et le président Roosevelt tentent de dissuader Pétain de collaborer avec Hitler.
Le 25 octobre, l'amiral Cunningham qui commande l'opération combinée Navy-Français libres sur Libreville, reçoit l'ordre d'ajourner l'attaque.
Si à Londres on croit (on espère !) que l'absence de la Navy empêchera le chef des free french de tenter quelque chose, et bien, on se trompe.
Leclerc et d'Argenlieu montent un coup audacieux pour la nuit du 8 au 9 novembre: " Le 9 novembre au soir, le commandement des troupes de Libreville demande un armistice. Port-Gentil tombe sans résistance deux jours plus tard." (p. 170)
Le Gabon tout entier est donc rallié à partir du 11 novembre 1940.
Cordialement,
René Claude |