> Le choix de Sophie, vous dis-je !
> Est-ce que le fils de Sophie valait plus que la fille ou
> l'inverse ?
C'est, je crois, cette question qui est à l'origine du suicide de Sophie. Mais trêve de digression.
On ne parle pas d'une déportée terrorisée qui descend du train à Birkenau et qui doit opter pour la survie de l'un de ses deux enfants, là. On cause d'un gouvernement qui conserve de larges moyens d'action (votre propre aveu), et qui doit statuer sur le sort de plusieurs centaines de milliers de Juifs, français et étrangers.
En l'occurrence, Vichy pratique une distinction entre Juifs français et Juifs étrangers, et va même jusqu'à prévoir la dénaturalisation des Juifs devenus français à compter de 1927 pour élargir la notion de "Juif étranger", de manière à accroître les livraisons aux Allemands de Juifs étrangers. Vichy n'était pas du tout contraint d'effectuer une telle distinction. Il pouvait choisir de sauver des Juifs français et des Juifs étrangers. Or, il opère une sélection : seront d'abord déportés les Juifs étrangers, et (en substance) des Juifs français dénaturalisés.
Vous qualifiez un tel geste d'héroïque. J'en déduis que selon vous, il est héroïque de livrer aux Allemands des Juifs étrangers, pour soi-disant sauver des Juifs français (ce qui je le rappelle n'était pas le cas, car la seule obsession de Vichy était de ne pas mécontenter l'opinion, réputée moins bien disposée envers les Juifs étrangers), quitte à dénaturaliser des Juifs français pour les transformer en Juifs étrangers, quitte à livrer des enfants juifs étrangers que les Allemands ne demandent même pas. |