Moulin... Frenay... - La nuit finira - forum "Livres de guerre"
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La nuit finira / Henri Frenay

En réponse à -2
-1Et toujours sur l'importance de l'étude des mythes... de René CLAUDE

Moulin... Frenay... de René CLAUDE le dimanche 27 avril 2003 à 15h43

Bonjour,

Je persiste à dire que Jean Moulin a été, est et sera régulièrement réactivé en tant que "mythe absolu" en fonction des besoins "opportunistes" des défenseurs de ce que je nomme, de façon certes un peu provocatrice, la ligne historiographiquement correcte gaullienne pour l'étude de la Résistance, qui n'est pas la seule, of course, mais qui a pris une importance parfois un peu totalisante: celles et ceux qui tentent d'en discuter les postulats - toujours édictés à partir d'un point de vue trop strictement "gaullo-moulinien"- risquant d'être anathèmisés et ostracisés par leurs confrères et une partie de la critique qui ne peut imaginer une autre grille de lecture, faute d'études pertinentes à ce jour...
C'est pourquoi l'oeuvre biographique ET critique entreprise par Robert Belot me parut salutaire en vue d'un rééquilibrage historique (équité légitime) et, pourquoi ne pas l'admettre, "mythologique". Frenay n'ayant eu jusqu'à sa mort que ses livres (maladroits et obsessionels) pour essayer de dire ce qu'il partagea avec les gaullistes de Londres et Jean Moulin mais aussi ce qui les divisèrent et conduisit à la neutralisation de la ligne Frenay : autonomie relative des mouvements (et sa position paradoxale sur l'Armée secrète), indépendance politique et revendications fédéralistes pour l'après-guerre, entre autres thèses d'une pensée plus complexe que les réductions et autres récupérations qui lui furent imposées dès la fin des années 40 aboutissant- j'en m'en fis aussi l'écho ici, je l'admets volontiers- à une sorte de "diabolisation" des cadres de "Combat" dont le paroxysme fut atteint dans la navrante représentation filmée de Caluire pour TF1: "Jean Moulin, une affaire française", ce honteux "machin" télévisuel, à la limite de la délation, les producteurs ayant attendu la mort de Bénouville pour le diffuser.

Je citerai Belot :
" Le monde de la Résistance est un univers impitoyable ! Et au même moment, grâce notamment à ses causeries à la BBC, Frenay devient un homme public, présenté comme un héros par la presse britannique (note: je l'ignorais). Le "Daily Mail" à qui il accorde un entretien, titre à la une : "Frenay, the Man who fooled the Gestapo". (processus de mythification en route...) Il y a bien un projet de NEUTRALISATION du chef de "Combat" : la lenteur avec laquelle son voyage fut décidé, la longueur de son séjour à Londres qui le coupe de ses troupes comme du noyau dur du nouveau pouvoir. (note : alors à Alger !). On a finalement toléré sa délégation pour le calmer. Claude Bourdet, resé en France l'a bien vu. Il lui fait parvenir ce télégramme en août 1943 : "Avons eu vent bruit source assez sûre selon laquelle tu serais retenu force. Stop. Préviens en ce cas démission éclatante de résistance moi-même Barrès (Bénouville), Bresse et certainement TOUS CHEFS (je souligne) service zone Sud plusieurs chefs région mouvement probablement suivi nombreux chefs départementaux. Stop. Lancerions tracts gros tirage stigmatisant procédé inadmissible. Affection. Lorrain."
On perçoit très bien le POUVOIR REEL sur les résistants de l'intérieur que possède Frenay à ce moment de la guerre, mais il ne crée pas la scission et joue le jeu pourtant amer du consensus, en se pliant à la discipline des Français de Londres autour de de Gaulle qu'il soutient jusqu'au bout CONTRE GIRAUD, contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là.
Belot encore:
"Mais Frenay de son côté, ne semble guère pressé de retourner en France, malgré les objurgations de Bourdet et de Bénouville, comme en font foi les télégrammes qui se trouvent dans le fonds de la Délégations des MUR en Suisse. Le 10 septembre, Frenay leur faire parvenir un télégramme par lequel il les informe qu'il vient d'accéder à plusieurs documents de la Gestapo "qui indiquent que son retour est attendu pour procéder à son arrestation" : "Tout le monde ici (à Londres) désapprouve mon retour, équivalent selon eux à un suicide et risques graves pour mon entourage. Je ne peux et ne veux pas..."
Et Belot de conclure:
"Bel exemple de naïveté politique du chef de "Combat".
(p. 422- 423)

Cordialement,

René Claude

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