Commentaire de William L. Shirer, journaliste, 22 septembre 1939 à Godesberg
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« Hitler était dans un état de nervosité extrême. Le matin du 22, je prenais le petit déjeuner sur la terrasse de l'Hôtel Dreesen, où devaient avoir lieu les consultations, quand Hitler passa, marchant à grandes enjambées, pour aller inspecter son yacht amarré au bord du fleuve. I1 me parut agité d'un tic nerveux. A chaque instant, son épaule droite se soulevait d'un geste mécanique, tandis que sa jambe gauche se détendait d'une saccade. Il avait les yeux affreusement cernés de noir. Ainsi que je le notai le soir dans mon journal, il semblait au bord de la dépression nerveuse : Teppichfresser ! murmura mon compagnon allemand, un directeur de journal qui détestait secrètement les nazis. Et il me raconta que, depuis quelques jours, Hitler était dans un tel état de frénésie, à cause de l'affaire tchèque, que, plus d'une fois, il avait perdu tout empire sur soi, se jetant sur le sol et mâchant le bord d'un tapis. D'où l'expression « mangeur de tapis ». La veille au soir, à l'Hôtel Dreesen, au cours d'une conversation avec quelques plumitifs aux ordres du parti. j'avais entendu cette expression appliquée au Führer - à voix basse, bien sûr. » |