C'était inévitable: l'ombre immense du Shoah de Claude Lanzmann plane sur le film de G. Moscovitz, ce qui ne retire rien à la qualité intrinsèque de son film mais le (télé)spectateur ne peut s'empêcher de faire référence à l'œuvre de Lanzmann inégalée (pour moi) à ce jour et dans ce registre.
Le grand problème auquel s'est trouvé confronté Moscovitz est la quasi absence d'images d'archives. Comment rendre l'absence des centaines de milliers de victimes perceptible à l'image ? Comment faire parler-témoigner les morts dans ce champ bucolique et à la lisière de ces bois où chantent des oiseaux ? De très vieux habitants des alentours parlent du camp, de sa construction, du secret qui entoura son installation, des scènes terribles auxquelles ils assistèrent. Comment ces villageois non juifs ont-ils vécu cette terrible proximité ? Ont-ils participé, volontairement ou non, directement ou indirectement, d'une manière ou d'une autre, au processus mis en place par les SS pour l'extermination ? Quel était leur sentiment en 1942-43 ? On ne le sait pas...
Des recherches archéologiques délicates ont été entreprises à la fin des années 90 pour tenter de retrouver des fondations sur lesquelles a été bâti les bâtiments du camp de la mort. Mais avant, il fallut faire sauter les dalles de béton coulées pendant les années 60. Alors effectivement, les chercheurs ont fait apparaître les marques de fosses communes utilisées comme bûchers pour faire brûler les corps. Des fragments calcinés affleurent sur les lieux des excavations. Un film éprouvant mais nécessaire.
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